Après un silence radio assourdissant de plusieurs heures, la Russie a finalement confirmé que le croiseur lance-missiles Moskva, navire amiral de sa flotte de la mer Noire, a coulé pendant qu’il était remorqué au port de Sébastopol à la suite de ce qu’elle a décrit comme un incendie et des explosions impliquant des munitions stockées à bord. Version démentie par Kiev. L’Ukraine affirme que le sort du Moskva a été scellé par un tir de missile lancé par ses forces depuis la côte, qui a déchiqueté la coque de l’imposant navire de l’ère soviétique (Mise ne service en 1982). Mais le ministère russe de la défense n’a pas confirmé cette version des faits. Plusieurs experts russes affirment que la perte du croiseur est surtout symbolique car la Russie dispose de missiles plus performants que ceux équipant le Moskva. La Russie dispose en effet de puissants systèmes de défense aérienne déployés en Crimée, qu’elle a confisqués à l’Ukraine en 2014, mais le Moskva était en mesure d’assurer une protection de défense aérienne mobile et à longue portée pour l’ensemble de la flotte de la mer Noire et constituait un centre de commandement et de contrôle flottant. Sa perte affaiblit de ce fait les défenses aériennes de la flotte, notamment lors des missions tactiques de longue portée.
Côté équipage, le Moskva avait un équipage d’environ 500 marins qui, selon la Russie, ont été évacués avec succès vers d’autres navires avant d’être ramenés vendredi à leur port d’attache de Sébastopol, en Crimée. L’Ukraine a laissé entendre qu’il y aurait probablement eu des morts, mais la Russie n’a encore rien déclaré à ce sujet. Question qui taraude les esprits : la perte du croiseur changera-t-elle le cours du conflit ukrainien ?
Il est peu probable que ce soit le cas, mais le ministère britannique de la défense estime que la perte du navire incitera probablement la Russie à revoir son dispositif naval en mer Noire. Des responsables américains, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont déclaré que si le naufrage aurait un impact symbolique et pourrait soulever des questions sur les capacités navales de la Russie à plus long terme, il est peu probable qu’il ait un impact majeur sur le cours du conflit. La marine russe n’a jusqu’à présent pas joué un grand rôle dans cette guerre. Un responsable américain a déclaré à ce sujet que la Russie n’avait utilisé ses navires de guerre que de manière limitée, pour effectuer des frappes occasionnelles et réapprovisionner les troupes dans le sud. La Russie conserve une domination navale dans la région immédiate et le Moskva était équipé pour détruire les navires ennemis en mer, mais il ne reste plus grand-chose de la marine ukrainienne.
Quant à la question de savoir si le naufrage du « tueur des porte-avions » porte-t-il atteinte à la fierté militaire russe, la réponse est affirmative. C’est en effet une perte amère pour l’armée russe car le navire, bien que vieillissant, était un symbole de la flotte de la mer Noire basée en Crimée et de la fierté militaire russe. S’il a été touché par des missiles anti-navires ukrainiens, il s’agirait du plus grand navire de guerre russe perdu au soit perdu au combat depuis 1941, lorsque des bombardiers en piqué allemands ont paralysé le cuirassé soviétique Marat dans le port Kronstadt sur l’île Kotlin.