La nouvelle présidente du Pérou, Dina Boluarte, a nommé samedi un cabinet comprenant un ministre des Finances favorable au marché, alors que les manifestations s’accélèrent dans le pays pour réclamer de nouvelles élections après l’éviction de l’ancien président Pedro Castillo, démocratiquement élu. M. Boluarte a pris ses fonctions mercredi après que M. Castillo [qui soutient les séparatistes du Polisario] a été limogé par le Congrès, puis arrêté pour rébellion et conspiration pour avoir tenté de dissoudre le corps législatif afin d’empêcher un vote de destitution. Elle a nommé au poste de ministre de l’économie l’ancien vice-ministre des finances Alex Contreras, qui est un fonctionnaire de carrière et est considéré comme ayant une position pro-marché.
L’ingénieur chimiste Oscar Vera sera ministre de l’énergie et des mines, un poste clé pour ce pays producteur de cuivre.
« J’ai travaillé dur pour former un cabinet d’unité et de consolidation démocratique qui réponde aux besoins du pays », a déclaré M. Boluarte dans une allocution télévisée. « J’appelle au calme, à la tranquillité et à la paix. Évitons les conflits qui mettent en danger notre fraternité de Péruviens. »
Elle a également nommé l’ancien procureur général Pedro Angulo au poste de premier ministre et la diplomate Ana Cecilia Gervasi au poste de ministre des Affaires étrangères. Boluarte, une avocate de 60 ans, était la vice-présidente de Castillo. Elle est devenue la première femme présidente du pays et restera en fonction jusqu’en 2026 si aucune nouvelle élection n’est organisée. L’avocat de M. Castillo a nié les accusations et qualifié la détention de l’ancien président d’illégale et d’arbitraire. Il a demandé l’asile au Mexique et les autorités mexicaines et péruviennes sont en consultation à ce sujet, a déclaré jeudi le ministre mexicain des affaires étrangères.
Les manifestants demandent maintenant la fermeture du Congrès et l’organisation d’une élection démocratique dans le pays plutôt que de reconnaître Boluarte et de lui permettre de terminer le mandat de Castillo. Ils demandent également qu’une nouvelle constitution soit rédigée.
Les images des télévisions locales ont montré des manifestations dans certaines villes et un blocus sur une section de l’autoroute principale le long de la côte péruvienne à environ 300 kilomètres (186 miles) au sud de la capitale Lima. Certaines agences de transport ont indiqué qu’elles limitaient leurs services pour protéger les passagers.
Samedi, Mme Boluarte a écrit sur Twitter qu’un affrontement survenu vendredi soir entre des manifestants et les forces de sécurité avait fait huit blessés, dont quatre policiers, ajoutant que sept personnes avaient été arrêtées. Vendredi, elle a déclaré qu’elle était prête à discuter d’élections anticipées, mais a exclu de donner le coup d’envoi à des changements constitutionnels pour le moment.
