Donald a provoqué une vive inquiétude au sein de l’Otan et de l’Europe en remettant de nouveau en cause l’une des dispositions majeures de l’Organisation atlantique.
Si Donald Trump revient à la Maison Blanche, les pays de l’Otan ne doivent pas compter sur l’Oncle SAM pour assurer la protection des pays de l’OTAN face à la Russie si ceux-ci ne payaient pas leur part. Le probable futur président des États-Unis est allé jusqu’ à affirmer qu’il « encouragerait » Moscou à s’en prendre à eux. Cette menace a été proférée samedi 10 février lors d’un meeting en Caroline du sud. A cette occasion, M. Trump a raconté une conversation avec un des chefs d’État de l’Otan, sans le nommer. A la question de ce dernier de savoir si les États-Unis le protégeraient de la Russie s’il ne payait pas sa quote-part, le candidat républicain a répondu sans détour : « Non, je ne vous protégerai pas. En fait, je les encouragerai à faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer vos dettes.» En vérité, cette déclaration n’est pas nouvelle, quand il était président, Trump avait conditionné à plusieurs reprises la protection des pays européens à leur contribution au budget de l’institution. Dès 2000, dans son livre The America We Deserve («L’Amérique que nous méritons»), il écrivait déjà à propos des tensions en Europe de l’Est : «Leurs conflits ne valent pas des vies américaines. Se retirer d’Europe permettrait à ce pays [les États-Unis] d’économiser des millions de dollars par an.»
La Maison-Blanche a vivement réagi aux propos de l’ancien président, les qualifiant d’«affligeants et dangereux ». « Le fait que Donald Trump avoue qu’il compte donner le feu vert à Poutine pour davantage de guerre et de violence, pour continuer son assaut brutal contre une Ukraine libre et pour étendre son agression aux peuples de Pologne et des États baltes est affligeant et dangereux», a indiqué dans un communiqué le président démocrate. En Europe et au sein de l’Otan, c’est la consternation matinée d’inquiétude qui domine.
Selon le secrétaire général de cette organisation, Jens Stoltenberg, la position trumpiste « sape notre sécurité à tous, y compris celle des États-Unis, et expose les soldats américains et européens à un risque accru ». Du côté de l’Union européenne, ces propos sont jugés « imprudents », car ils « ne servent que les intérêts de Poutine », déplore Charles Michel, le président du Conseil européen. La menace de Trump de quoi inquiéter une majorité de pays européens qui n’ont pas suffisamment investi dans leurs armées, devenus par conséquent dépendants de la protection militaire américaine.
Depuis 2006, chaque État doit consacrer au moins 2% de son PIB à la défense afin que la disponibilité opérationnelle reste assurée à l’échelle de l’Alliance. Or, la majorité des pays membres ne respectent pas la règle des 2%.
L’article 5 du traité de l’organisation atlantique stipule clairement que si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué. Donald Trump juge cette disposition caduque si les membres de l’Otan ne paient pas le parrain US en contrepartie de leur protection du méchant ours russe. Avec le milliardaire américain, partisan de la diplomatie du deal sonnant et trébuchant , rien n’est gratuit, tout a un prix. Y compris entre alliés et complices.