Tronches de mauvais jours à l’état major LR (Les Républicains). Les choses qui s’annonçaient mal se sont avérées pires. La candidate Valérie Pécresse a réalisé un score inférieur à 5% (4,79 %, 5e au clessement exactement) au premier tour de l’élection présidentielle française, le plus faible score du centre droit dans l’histoire de la droite et qui menace sa survie. Lorsque les premières projections sont apparues à la fermeture des bureaux de vote, les partisans de Pécresse, stupéfaits, ont été surpris : « Et maintenant ?» N’ayant pas réussi à franchir le seuil de voix nécessaire pour que ses frais de campagne (5%) soient partiellement remboursés, Mme Pécresse (endettée personnellement à hauteur de 5 millions d’euros) a demandé lundi des dons urgents avant la mi-mai pour sauver le parti dans la perspective des élections législatives de juin. Il faut 7 millions d’euros pour boucler les comptes LR.
« Ce qui est en jeu, c’est la survie même de Les Républicains et au-delà, la survie même de la droite», a-t-elle déclaré à son arrivée pour une réunion d’urgence du parti. Il y a seulement dix ans, Nicolas Sarkozy se préparait à briguer un second mandat après presque 17 ans de règne de centre-droit en France. Aujourd’hui, l’existence du parti Les Républicains est menacée après que ses électeurs se soient tournés vers le président sortant Emmanuel Macron, la candidate d’extrême droite Marine Le Pen et le candidat d’extrême droite Eric Zemmour, ne voyant aucun intérêt à voter pour la droite traditionnelle. Le mouvement a lutté pour rester pertinent depuis que Macron est devenu président en 2017.
Ses politiques économiques se recoupent avec les leurs et il a cherché à siphonner les voix de la droite en durcissant sa position sur la sécurité et l’immigration au cours des 18 derniers mois, ce qui a divisé de plus en plus les électeurs et les politiciens de centre-droit, incapables de trouver une vision claire pour leur parti. La réunion de LR a décidé qu’il n’y aurait pas de vote pour Le Pen ni contre Macron au second tour le 24 avril. Mme Pécresse a déclaré dans son discours de défaite dimanche qu’elle voterait pour Macron. Mais soulignant les divisions, 13 des 115 membres du bureau politique se sont abstenus et un a voté contre. Le président du parti, Christian Jacob, a déclaré aux journalistes après la réunion que le parti voulait rester indépendant et uni.
«Nous ne sommes ni interchangeables dans le lepénisme ni dans le macronisme », a-t-il déclaré. Les divisions au sein de LR sont apparues bien avant l’élection de dimanche. Le président de la région Sud-Est Renaud Muselier et l’ancien ministre du Budget de Sarkozy Eric Woerth ont abandonné le parti. D’autres comme Thierry Mariani ont fait défection et ont rejoint le RN de Le Pen. Ce manque d’unité était à nouveau évident dimanche soir. Alors que Pécresse et d’autres poids lourds comme l’ancienne ministre de la Justice Rachida Dati ont appelé à voter Macron pour bloquer l’extrême droite au second tour, d’autres, comme le dauphin de la primaire du parti Eric Ciotti, ont clairement indiqué qu’il ne pouvait pas voter pour le président sortant.
Un sondage IPSOS portant sur un roulement des votes pour le second tour a montré une division en trois du soutien de Pécresse à Macron, Le Pen et les abstentions. «Nous payons (…) parce que nous avons essayé de nous positionner au centre », a déclaré le député Les Républicains Julien Aubert, ajoutant qu’il ne voterait pas pour Macron. «Nous sommes menacés d’être réduits à presque rien ». Le secrétaire général Aurélien Pradie a, quant à lui, déclaré que le mauvais résultat devrait clarifier la voie à suivre. « Les lâches iront d’un côté ou de l’autre. Laissons-les partir et laissons aux autres le soin d’élaborer un message politique », a-t-il déclaré.
Pour certains militants du parti, la priorité immédiate est les élections législatives de juin, au cours desquelles le parti cherchera à sauver ses 101 législateurs. Pour d’autres, la priorité est à plus long terme – leurs yeux sont déjà tournés vers la prochaine course à la présidence. « Je ne pense pas que notre parti va s’effondrer (…). Si Le Pen perd, elle est finie et si Macron gagne, ce sera son dernier mandat, donc en 2027, il y aura besoin de quelque chose de nouveau et nous devrons être prêts», a déclaré Florence Portelli, porte-parole de Pécresse, ajoutant qu’elle ne souhaitait pas un rapprochement avec Macron.