Le Premier ministre Saad Eddine Al Othmani a accepté de recevoir une équipe du Canard dans sa résidence de fonction à Rabat où il s’est confiné pour parler du vide et du Co-vid…
Comment se présente la situation au Maroc ?
Elle est dopée au confinement général imposée par ce ce con de virus qui sans crier gare a chamboulé nos vies et mis tout à l’arrêt aux quatre coins du monde dans une ambiance de fin du monde. Pour rassurer tout le monde, je pense que l’apocalypse approche…
Est-ce que vous vous y préparez?
Oui, depuis toujours. Croyant et fataliste que je suis, je décèle ses signes avant-coureurs dans cette pandémie ravageuse qui nous a enlevé jusque le plaisir de sortir dehors pour respirer l’air pollué ou se casser les oreilles avec les klaxons stridents dans les embouteillages.
Êtes-vous un Premier ministre confiné ?
Évidement. Un confiné heureux et discipliné qui en plus évite désormais au maximum les événements inutiles habituels où je parle pour ne rien dire. Le corona a ceci de positif ou d’incommodant qu’il a recentré tout le monde sur le minimum vital ou ce que j’appelle les activités de survie. En effet, à part les réunions du conseil du gouvernement de chaque jeudi, je reste claquemuré à la maison où j’ingurgite un tas de potions magiques traditionnelles pour prévenir une attaque du coronavirus qui cible aussi les hommes dotés pourtant de l’immunité politique.
Autrement dit les choses que vous jugez futiles ne rythment plus votre vie ?
Je plains surtout ceux dont la vie n’est plus rythmée par les week-ends et ses différentes sorties agréables. Le samedi et le dimanche ressemblent aux autres jours de la semaine cadenassés dans le confinement.
Vous ne croyez pas à l’efficacité du traitement à la chloroquine adopté officiellement par votre gouvernement pour soigner les patients ?
Il nous faut aussi et surtout dans un pays comme le Maroc un traitement de choc pour empêcher l’effondrement de l’économie nationale qu’un homme de mon envergure ne possède pas naturellement. Je me console tout de même en constatant que la même incapacité plombe les dirigeants européens dont les pays sont touchés par la pandémie.
Comment vivez-vous le confinement ?
Je me lève en pensant Covid-19, je me couche en pensant Covid-19, je mange en pensant Covid-19, j’ouvre la bouche pour parler Covid-19. Avant, je parlais dans le vide ; maintenant, je fais le plein du Covi-d. Je m’améliore. Cela m’encourage et me donne du souffle.