Cet investissement colossal montre que le Maroc et les Emirats arabes-unis sont très « eau courant » des véritables enjeux du futur.
C’est un mégaprojet qui permettra au Maroc de dépasser grâce aux énergies renouvelables les 50 % de l’électricité produite à l’horizon 2030. Dans cette optique, un consortium formé de la filiale de Al Mada Nareva holding et la filiale marocaine de l’emirati Taqa ont signé lundi 19 mai trois protocoles d’accord avec le gouvernement marocain, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement (FM6I) et l’Office nationale de l’Eau et de l’électricité (ONEE). Objectif : le déploiement de nouvelles infrastructures de transport d’eau et d’électricité, ainsi que de nouvelles capacités de dessalement d’eau de mer et de production d’électricité à partir des énergies renouvelables et du gaz naturel. Ces accords portent sur plus de 130 milliards de dirhams d’ici à 2030, d’après le communiqué de Taqa Morocco. Ils serviront à financer des projets d’infrastructures en matière énergétique et hydrique pour renforcer l’indépendance et la souveraineté du Maroc dans ces deux secteurs hautement stratégiques, ont expliqué les partenaires signataires dans un communiqué commun. Côté structure du capital, les trois projets seront détenus « à parts égales » par Taqa Morocco et Nareva « avec une participation de 15 % pour le FM6I et les autres acteurs publics ». Ces contrats ont été conclus après les deux visites effectuées par SM le Roi Mohammed VI, aux Émirats arabes unis, fin 2023 et fin 2024, dans le cadre du partenariat stratégique liant les deux pays amis. Le premier projet qui devrait être financé grâce à ce mégadeal concerne la réalisation d’une ligne à haute tension qui doit transporter de l’électricité verte du Sahara marocain jusqu’à Casablanca, sur une distance de 1 400 km.
Les termes des accords prévoient l’augmentation de la production d’électricité renouvelable et le développement de centrales thermiques fonctionnant au gaz naturel sur le complexe de Tahaddart, dans le nord -ouest du pays. Dans le domaine hydrique, Taqa Morocco et Nareva s’engagent sur la construction de stations de dessalement d’eau de mer pour une capacité totale de 900 millions de m3 d’eau par an, alimentées par des énergies renouvelables. Cette infrastructure, qui viendra renforcer les 15 usines de dessalement existantes, permettra au Maroc de mieux gérer son stress hydrique et de faire face à ses besoins en eau aussi bien dans le domaine de l’irrigation que pour l’usage domestique et industriel. La capacité totale atteindra 1,7 milliard de m3 par an contre 270 millions de m3 actuellement. Plusieurs nouveaux ouvrages de transfert d’eau entre le bassin du fleuve Sebou et celui du fleuve Oum Errabiâ sont également prévus , pour une capacité de 800 millions de m3 par an. Une première phase de ce projet, transférant le surplus d’eau du bassin du Sebou vers Rabat et le nord de Casablanca, est déjà opérationnelle depuis l’été 2023. Dans leur communiqué conjoint, les partenaires mettent soulignent que leur investissement favorise « le transfert de technologie et l’émergence d’un écosystème industriel local, notamment dans les domaines du dessalement d‘eau de mer et des énergies renouvelables ». Les Maroc et les Emirats-Arabes-unis sont deux partenaires éclairés très « eau courant » des véritables enjeux du futur.
