Mohamed Boudrika : Un permis d’habiter de 5 ans à Oukacha

Boudrika, la fin de l’impunité !

Le verdict est tombé le mardi 1er juillet 2025. Mohamed Boudrika a été condamné à une peine de 5 ans de prison ferme assortie d’une amende de 500.000 DH et d’une interdiction d’émission de chèques pendant un an.

Ainsi en a décidé le tribunal de première instance de Casablanca où s’est ouvert il y a quelques semaines le procès du promoteur immobilier à la réputation sulfureuse. L’accusé éclate en sanglots après le prononcé du jugement qu’il qualifie de peine de mort symbolique. Placé en détention après son extradition d’ Allemagne le jeudi 24 avril 2025, l’ancien député-maire RNI de la circonscription d’Al Fida-Mers Sultan avait maille à partir, avec la justice outre sur des affaires chèques sans provisions, sur un dossier de faux et usage de faux en relation avec la falsification d’une attestation de conformité et d’achèvement des travaux concernant un complexe de logements économiques dans la zone de Lahraouiyine (périphérie de Casablanca). Il s’agit d’un document délivré, conformément à la loi en vigueur, par l’architecte du projet. Mais Boudrika n’a pas attendu la fin du chantier pour l’obtenir de manière légale auprès de l’architecte. Il s’est permis de falsifier l’attestation et c’est en passant devant le projet qu’il découvre le pot-aux-roses : la mise en vente des appartements dont une bonne partie est déjà occupée. 

Alerté par cette situation qui engage sa responsabilité, l’architecte entre en contact avec les services de la commune de Lahraouiyine qui lui apprennent que le promoteur a obtenu le permis d’habiter après avoir produit toutes les pièces nécessaires dont la fameuse attestation. Résultat : l’architecte porte plainte contre l’ex-président du Raja et ancien élu du RNI qui n’hésite pas à piétiner la loi. Pour mettre en vente les logements, encaisser rapidement l’argent et devancer la concurrence, il était prêt à tout. Cet empressement à vendre avant les autres en gagnant du temps par des procédés frauduleux est un trait de famille chez les Boudrika.

N’a-t-il pas été à l’origine de l’effondrement en février 2016 d’un immeuble en construction de quatre étages appartenant au père de Mohamed Boudrika, situé dans l’arrondissement de Ain Chock à Casablanca ? Cet accident a coûté la vie à deux maçons et trois autres s’en sont sortis avec des blessures. Le papa, qui voulait en finir rapidement avec le chantier pour commencer la commercialisation des appartements, a tenté de faire porter le chapeau à l’architecte et au bureau d’études. Mais la responsabilité en incombe au promoteur immobilier qui a ordonné au chef de chantier d’entamer la construction du quatrième étage alors que la dalle en béton du troisième étage n’a pas eu le temps nécessaire pour sécher.

C’était la version des faits soutenue par le président de la commune de Aïn Chock de l’époque et l’ordre des architectes de Casablanca. Une thèse crédible réfutée par le maître d’ouvrage dont les agissements à l’origine de cette catastrophe mortelle ne lui ont valu bizarrement aucune sanction. A l’époque la famille Boudrika, dont le charme opérait encore auprès de divers milieux, jouait de ses appuis et bénéficiait d’une certaine impunité. Mais les temps ont changé entretemps. Preuve, un frère de Mohamed Boudrika, Abdallah, écope de 5 ans de prison ferme fin janvier 2025 dans une sombre histoire de falsification, avec la complicité entre autres d’un notaire du nom de Younes Sayeh, d’une promesse de vente et d’un contrat de vente définitif portant sur une villa. 

Prononcée par la Cour d’appel de Casablanca, la condamnation du frère Boudrika s’ajoute à une autre de 6 ans de prison dans une autre histoire de «faux et usage de faux» et de «falsification de documents officiels liés à une propriété foncière», dans la région de Casablanca-Settat. Les deux frères Boudrika se sont enfin retrouvés. Au pénitencier de Oukacha, Mohamed Boudrika a tout fait pour fuir, allant jusqu’à simuler un séjour médical à l’étranger pour quitter le pays . Mais la justice a fini par le rattraper.

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