Femmes juives du Maroc

Une saga  de 352 pages  signée Lysette Hassine Mamane, parue  le 19 octobre 2022 chez L’harmattan. « À Meknès, ville impériale ismaélienne du Maroc, le quotidien des femmes juives, rythmé par les gestes immuables et séculaires, ne manque effectivement pas de sel dans ce Vieux Mellah (« salé » en arabe), troisième grand quartier de la cité géographiquement conçue pour une coexistence respectueuse entre les trois communautés : musulmane, juive et chrétienne. En ce début de vingtième siècle, derrière d’épaisses murailles, à l’ombre des célèbres portes, ou sur une des trois collines du plateau, chacun vaque à ses occupations, tout en redoutant des bouleversements qui rompraient à nouveau la fragile harmonie de la cité. C’est pourtant la période charnière à partir de laquelle ces femmes voient s’ouvrir des horizons d’intégration, grâce à l’Alliance israélite, au Protectorat. Comment en trois générations, ces Sépharades héritières d’une culture bimillénaire, vont-elles traverser les cinquante années qui mènent de l’illettrisme, mais non de l’ignorance, aux universités françaises ? Leur communauté et leurs valeurs résisteront-elles aux secousses de l’Histoire en pays arabe et aux bouleversements qui se produiront en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ? »

Chapitre premier : Yakout-extrait :

« Meknès 1923 Derb-el-Ghandour, la longue ruelle étroite en terre battue, crevassée par endroits, serpentait entre la haute muraille ocre et décrépie du cimetière, à droite, et, à gauche, les maisons à deux étages, serrées les unes contre les autres, aux façades quelquefois ventrues, chaulées de couleurs différentes, sans uniformité, selon le goût des maîtresses de maison, ou plus probablement, selon les restes de teintures trouvés chez les marchands de couleurs. Trois longues, très longues marches de pierre, inégales, aux bords brisés par endroits ou laminés par l’usure, constituaient une des entrées, percée dans la muraille qui encerclait l’ensemble du quartier. À l’extérieur, se tenait majestueusement la grande porte Bab Khmiss, perpendiculaire à l’entrée du Mellah, bravant les âges, seule, insensible, insolite et défraîchie, au milieu d’un nulle part de terrains vagues, vides, dénudés et légèrement vallonnés, qui rejoignaient, d’un côté, à deux ou trois lieues, les quartiers de Sidi Saïd, Bordj Moulay Omar puis, au-delà, le faubourg de Toulal. En prolongement de Bab Khmiss, dans la direction opposée au vieux Mellah, on avait élevé une autre muraille qui ne protégeait rien qu’une étendue de terre chauve et inculte. Elle constituait un tronçon des confins de la cité de Meknès dont Bab Khmiss était une des entrées, et s’étendait bien plus loin, de l’autre côté, vers Bni Mhamed (…) »

Lysette Hassine Mamane est née au Maroc. Enseignante de Lettres modernes et de Bible à Paris, elle a publié de nombreux ouvrages : Le Piyyut de David Hassine, éd. Maisonneuve et Larose, Samuel, éd. Le Panthéon, Femmes de David, éd. De Passy et traduit Europa Europa de Sally Perel, éd. Ramsay.

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