Victor Hugo n’est pas uniquement reconnu pour ses œuvres, cet intellectuel engagé et influent est reconnu surtout pour sa politique très importante et son influence énorme sur l’histoire de la France.
Le 22 mai 2023 marque le 138e anniversaire de la mort de Victor Hugo. Le 22 mai 1885, le poète et dramaturge français William Hugo meurt à Paris, ville où il était revenu après un exil de près de 20 ans. Il était un brillant poète, dramaturge et écrivain romancier, mais aussi un politicien, journaliste et intellectuel engagé. Aujourd’hui, 138 ans après sa mort, Victor Hugo reste dans les mémoires et ses œuvres sont toujours lues, étudiées et jouées dans les théâtres du monde entier. Alors, pourquoi Hugo est-il si important aujourd’hui?
L’homme de lettres
Victor Hugo commence à écrire très jeune et son premier recueil de poésie (Odes et poésies diverses) est publié en 1822 alors qu’il n’a que 20 ans. Aujourd’hui, même s’il est connu dans le monde pour ses romans notamment Les Misérables, 1862, et Notre-Dame de Paris, 1831, en France, il est surtout connu pour sa poésie, comme Les Contemplations et La Légende des siècles. Une partie de sa poésie s’inspire de faits réels, comme les poèmes qu’il a écrits sur sa fille aînée et préférée Léopoldine, décédée tragiquement à l’âge de 19 ans en 1843 lorsqu’un bateau sur lequel elle voyageait avec son mari s’est renversé. Il a été dévasté par sa perte et il ne s’est jamais complètement remis du choc et de la tristesse. Son poème le plus célèbre à son sujet est probablement Demain, dès l’aube, dans lequel il décrit avoir visité sa tombe. Son célèbre livre Les Misérables est l’un des romans les plus longs de la littérature mondiale. Il compte 1900 pages dans les versions françaises et 1500 pages dans les éditions anglaises. L’ouvrage est en cinq volumes, et chaque volume se compose de plusieurs livres. Il est également parmi les livres qui ont mis le plus de temps à être écrits dans le monde – 12 ans.
La voix du peuple
Hugo, qui était poète, artiste et écrivain romantique à l’âge de 30 ans, est d’abord apparu comme un vrai écrivain romantique. Peu de temps après, il s’est orienté vers le libéralisme et il a commencé à s’intéresser aux questions sociales et politiques. Il a mis sa plume au service de son engagement politique, et il a pu progresser rapidement pour devenir «un champion du républicanisme». Ses préoccupations concernant les injustices sociales causées à la fois par la société et le système judiciaire, l’ont amené à entrer en contact avec un groupe d’écrivains libéraux du journal Le Globe. Il a acquis une plus grande popularité parmi le peuple alors qu’il se tenait aux côtés des pauvres, des opprimés et des exclus de la société française. Hugo a également gagné en popularité alors qu’il s’opposait fermement à la peine de mort – il avait été témoin des horreurs à Paris où les gens se rassemblaient sur la place de Grève pour assister à des exécutions publiques horribles et écœurantes. Son opposition à la peine de mort apparaît clairement dans son livre intitulé Le dernier jour d’un condamné, l’un de ses premiers romans, publié au début de façon anonyme, en 1829.
Le sauveteur de Notre-Dame
Hugo a également acquis une renommée plus large en France et au-delà en se levant contre la destruction de l’ancienne France et le patrimoine historique. Il a remporté un énorme succès en publiant Notre-Dame de Paris en 1831. Il a déclaré la « Guerre aux démolisseurs », en critiquant vivement ceux qui «jettent bas» les monuments et ceux qui sont impliqués dans la démolition de «l’admirable vieux Paris». Il a exigé une loi pour défendre les vestiges et les monuments historiques et protéger le patrimoine culturel. Son livre a eu un effet formidable. Victor Hugo, avec son chef d’oeuvre Notre-Dame de Paris, sensibilisait le public à la restauration du monument très négligé et menacé d’abandon. Il a initié le mouvement qui a sauvé au XIXe siècle la cathédrale parisienne. Le monument attirait désormais des dizaines de visiteurs, curieux de le voir après avoir lu le roman populaire.
L’homme de musique et d’art
Hugo aimait écouter de la musique, et la musique comptait beaucoup pour lui. Pour lui, «La musique exprime ce qui ne peut être dit et sur quoi il est impossible de rester silencieux.», comme il l’a dit. Il aimait particulièrement la musique de Carl Maria von Weber don’t les opéras ont profondément influencé le développement de l’opéra romantique en Allemagne. Son influence est passée du domaine de la littérature au monde de la musique. Ses œuvres littéraires ont inspiré le monde de la musique, tant de son vivant qu’après sa mort. Il suffit de dire que jusqu’à 50 opéras ont été adaptés de ses œuvres, don’t les spectacles musicaux Notre-Dame de Paris et Les Misérables. Alain Boublil a adapté ce dernier en une comédie musicale de classe mondiale. La pièce a été initialement lancée dans sa langue originale, le français, en septembre 1980 au Palais des Sports de Paris. La version anglaise a été inaugurée le 8 octobre 1985 au Barbican Arts Centre de Londres. Elle est aujourd’hui l’un des spectacles les plus anciens de Grande-Bretagne.
La voix d’opposition
En 1849, Hugo est devenu l’une des voix les plus fortes et les plus importantes de l’opposition à Louis Napoléon. Il a ces mots fameux : «Quoi! après Auguste, Augustule ! Quoi ! parce que nous avons eu Napoléon le Grand, il faut que nous ayons Napoléon le Petit !». Son opposition a provoqué la colère de Bonaparte qui a riposté en fermant le journal d’Hugo et en arrêtant ses deux fils. Au milieu d’horribles scènes de violence à Paris après la prise du pouvoir par Bonaparte, Hugo a été contraint de quitter Paris et de s’exiler. Il a passé de nombreuses années de sa vie sur l’île de Guernesey où il a écrit la majeure partie de son chef-d’œuvre Les Misérables dans le quel il illustrait la souffrance du peuple français. Pendant son exil, Hugo a également écrit Les châtiments, critiquant férocement le règne de Napoléon III et du Second Empire français. Bien qu’amnistié par Napoléon III en 1859, Hugo choisit de rester en exil. Sa réponse à Napoléon III fut: «Fidèle à l’engagement que j’ai pris vis-à-vis de ma conscience, je partagerai jusqu’au bout l’exil de la liberté. Quand la liberté rentrera, je rentrerai!». Hugo a été fidèle à sa promesse. Il est resté en exil jusqu’à la chute du pouvoir de Napoléon III en 1870.
Victor Hugo, ce héros
Hugo est devenu célèbre et sa renommée s’est étendue au-delà de son pays, la France, où il a eu le titre de «prince de la littérature française». Il reste célèbre aujourd’hui, et sa popularité est principalement due à ses pensées profondes, et ses engagement, qui lui ont coûté près de vingt ans d’exil. Il a sauvé Notre-Dame de Paris et il s’est opposé à la démolition de sites historiques. Il a lutté contre la peine de mort et il a dénoncé les injustices sociales. Il a également défendu les pauvres, les opprimés et les exclus de la société française. Hugo nous apprend que «la vie, le malheur, l’isolement, l’abandon, la pauvreté, sont des champs de bataille qui ont leurs héros; héros obscurs plus grands parfois que les héros illustres.» Hugo était en effet l’un de ces héros obscurs. Il a souffert de l’isolement en exil. Mais l’exile ne l’a jamais empêché de lutter pour la liberté et la justice. Aujourd’hui, Victor Hugo n’est pas uniquement reconnu pour ses œuvres, cet intellectuel engagé et influent est reconnu surtout pour sa carrière politique très importante et son influence énorme sur l’histoire de la France.
Mouloud Benzadi, écrivain, chercheur et traducteur – Royaume-Uni
