En quoi l’industrie agroalimentaire est-elle vraiment engagée, à part son propre profit et celui de ses actionnaires ? Pour l’écologie ? Non, car elle incite à produire toujours moins cher du lait de vaches nourries au soja sud-américain dopé aux organismes génétiquement modifiés (OGM comme disent les sachants, du haut de leur estrade, type le Professeur Raoult, le célèbre savon de Marseille). Pour la santé ? Non, car sa production contient des dizaines d’additifs dont certains sont classés cancérigènes par l’OMS. Pour la pédagogie ? Non, car sa production ultra transformée, déculture les enfants qui pensent que les nuggets sont des ailes de petits mangas asiatiques, que les pommes de terre poussent sur les arbres sous forme de frites et que Monsieur Ken Touki est un gentil garçon de vache – cow boy – qui élève des poulets de la race « fried chicken », une espèce qui adore barboter et s’amuser dans l’huile de friture.Aller vers une souveraineté alimentaire grâce à l’industrie agroalimentaire ? Vous le pensez réellement? Depuis 70 ans, le développement exponentiel de l’industrie agroalimentaire (avec l’aide active des pouvoirs publics) est allé de pair avec une industrialisation de l’agriculture et notamment de la filière lait qui est maintenant totalement dépendante du soja sud-américain.
Les poulets du garçon de vache (Cow Boy in english) Ken Touki sont heureux de barboter dans l’huile de friture et lui, il est encore plus heureux de les croquer.
Cette même filière ne répond à aucun des défis environnementaux, économiques et sociaux. Aller vers une juste rémunération de la production grâce à l’agroalimentaire ? En France, les paysans crèvent de faim… Leur nombre a été divisé par 3 en 40 ans et celui des fonctionnaires pour les contrôler multiplié par 2. Un tiers des agriculteurs français restants vit en dessous du seuil de pauvreté. Une baguette de pain de 250 grammes coûte en France 1,40€ et contient 150g de farine qui provient de 180 g de blé qui sont payés 21 cents/kg. C’est à dire que dans une baguette vendue 1,40 € par le boulanger au CONsommateur sont payés seulement 3,8 cents au paysan qui a produit le blé, soit 2,7%. En résumé, si les filières agroalimentaires et celle de la distribution (les supermarchés) payaient deux fois plus cher aux producteurs leur blé, la baguette augmenterait seulement de 2,7% et les paysans vivraient mieux.
Et les agriculteurs, au lieu de se suicider sous la pression des banques et de la suradministration (1 à 2 suicides d’agriculteur chaque jour en France), seraient heureux de produire mieux. L’industrie agroalimentaire, ce n’est pas de la gastronomie, c’est même l’opposé. Il faut acheter directement à des producteurs locaux autant que faire se peut. Penser pas seulement « la qualité », mais « les qualités » écologique, sociale, pédagogique, nutritionnelle, gustative, esthétique et bénéfique pour la santé. Poser un regard original sur la cuisine, sur les dérives industrielles de l’agriculture et de toute la filière agroalimentaire, depuis les coopératives agricoles jusqu’aux grands restaurants et aux guides gastronomiques. (À suivre)