Rachid Afirat / Les raisons d’un limogeage

Rachid Afirat, gouverneur de Casa-Anfa.

«Mauvaise gestion du patrimoine architectural» de Casablanca. Les observateurs n’ont pas cru un mot de la version officielle expliquant  le limogeage brutal,  intervenu lundi 13 juillet, du gouverneur de Casa-Anfa Rachid Afirat. Certains ont aussitôt lié ce licenciement à  la descente opérée la veille (la soirée du dimanche)  dans trois grands restaurants situés sur la côte casablancaise (Le Cabestan, Le Petit Rocher et La Corniche) dépendant du district d’Anfa. Ces lieux plus de divertissement que de restauration furent illico fermés avec sanction pécuniaire pour non respect du protocole sanitaire du Covid-19.

Ce qui n’a pas plu à plus d’un dans cette histoire  ce n’est pas tellement la mission de contrôle en elle-même mais la manière avec laquelle elle a été conduite  et qu’une une vidéo qui a circulé à grande échelle sur les réseaux sociaux a immortalisée. On y voit  le caïd du coin en uniforme vert kaki débarquer dans un  grand complexe select plein de joyeux drilles  qui prennent en très bonne a du bon temps dans une forte ambiance musicale. Plusieurs autres enregistrements  montrent notre agent d’autorité zélé en train d’arpenter comme s’il était chez lui les différents compartiments (bar, piscine, comptoirs…) de la discothèque et circuler entre les tables tout en faisant remarquer au personnel en le sermonnant son manquement aux règles sanitaires (Non-port de masques et de gants). « En visionnant les images de cette vidéo, on pense qu’elles ont été prises dans une boîte de nuit en Thaïlande, en Colombie ou l’on ne sait quel pays où les forces de l’ordre agissent comme bon leur semble », commente un hôtelier de Casablanca.

Un autre professionnel du secteur renchérit : « Certes, l’enregistrement en question montre que toutes les règles sanitaires ont été bafouées (non-respect de la capacité d’accueil de 50% de la superficie globale, violation de la distanciation physique entre les clients, défaut du port de masque par les serveurs) mais un caïd qui plus en tenue officielle a-t-il droit de débarquer de cette manière cavalière dans un  restaurant », s’interroge-t-il. Visiblement, la vidéo qui a coûté son poste à M. Afirat a été jugée scandaleuse par plusieurs de ses aspects. Afirat est-il allé trop loin ? Une chose est sûre : il serait toujours gouverneur  à l’heure qu’il est s’il avait  appliqué le fameux principe de précaution  cher à beaucoup de responsables : zéro initiative. Pas d’action,  pas de risque de se faire débarquer et donc de durer !

Ces séquences fatales, filmées certainement par l’un des adjoints  du Caïd pour lui servir de preuve contre le proprio insouciant,  ont été tournées dans le complexe select la Corniche. Sauf que celui-ci  appartient à Hicham Berrada Sunni. Le fils du fondateur de Dolidol possède, susurre-t-on, des appuis solides dans l’establishment.  Au point de  faire tomber le gouverneur  qui pensait agir dans le bon sens ? A Casablanca, ce ne sont pas seulement les bâtisses historiques qu’on démolit…

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