Le nouveau patron fédéral de la CDU, élu à l’issue d’un congrès virtuel, tenu les 15 et 16 janvier, est un pragmatique qui se moque de l’interdiction du voile islamique comme de sa première chope de bière. Pour Armin Laschet qui bouclera ses 60 ans le 18 février prochain, la polémique sur le port du voile islamique ne sert qu’à détourner l’attention sur les vrais problèmes… Le ton est donné et Macron appréciera. Le ministre-président de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie depuis 2017, l’État le plus peuplé d’Allemagne et un bastion traditionnel du centre-gauche, où il a vu le jour en 1959 (à Aix-la Chapelle), succède ainsi à Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK pour les intimes), ex-physicienne venue de la RDA, et fille de pasteur. Ancien journaliste, Laschet qui a battu haut la main ses deux rivaux, Friedrich Merz et Norbert Röttgen, est déterminé à suivre la voie tracée par Angela au sein de la CDU et aussi à la tête de la chancellerie fédérale s’il est choisi pour succéder à Angela Merkel qui se retirera définitivement de la vie politique dans 9 mois. En attendant, Laschet devra construire l’unité au sein de l’Union chrétienne-démocrate, le parti le plus puissant d’Allemagne, après avoir battu son rival plus conservateur, Friedrich Merz. Et il devra se lancer dans un marathon électoral qui culminera avec le vote national du 26 septembre pour le prochain parlement.
Toutefois l’élection de Laschet à la tête de la CDU n’est pas le dernier mot sur le choix du candidat de centre-droit qui succédera à Merkel à la chancellerie, mais Laschet se présentera lui-même ou aura son mot à dire sur le choix du candidat. Il a déclaré que le candidat sera choisi en avril. Les sondages actuels indiquent que les Verts écologistes seront probablement la clé du pouvoir lors des élections de septembre. Sur ce point, Laschet a mis en exergue la valeur de la continuité et de la modération, et a cité l’assaut du Capitole américain par les partisans du président Donald Trump comme un exemple de ce que la polarisation peut entraîner. «La confiance est ce qui nous permet de continuer et ce qui a été brisé en Amérique», a-t-il déclaré samedi aux délégués avant qu’ils ne votent pour en faire le nouveau leader de la CDU par 521 voix contre 466. « En polarisant, en semant la discorde et la méfiance, et en mentant systématiquement, un président a détruit la stabilité et la confiance ». «Nous devons parler clairement mais ne pas polariser », a-t-il également déclaré. «Nous devons être capables d’intégrer, de maintenir la société ensemble.» Bref Laschet est un homme de pragmatique et de consensus. « Toutes les questions qui se poseront à nous après la pandémie nécessitent un large consensus au sein de notre parti», a-t-il souligné Et d’ajouter : «Nous aurons également besoin de ce consensus pour toutes les élections qui nous attendent. Tout le monde sera contre nous ».