Se montrant ferme, Kaïs Saïed a indiqué, lundi 2 octobre, que son pays refusait les fonds alloués par l’Union européenne à son pays dans le cadre de la lutte contre l’immigration irrégulière.
«La Tunisie, qui accepte la coopération, n’accepte pas tout ce qui s’apparente à de la charité ou à de la faveur, car notre pays et notre peuple ne veulent pas de la compassion et ne l’acceptent pas quand elle est sans respect », a annoncé la présidence tunisienne dans un communiqué.
Kaïs Saïed justifie le rejet de cette subvention à la fois en raison de son montant, qualifié de « dérisoire », mais aussi « parce que cette proposition va à l’encontre » d’un accord signé à Tunis en juillet par les deux parties et « de l’esprit qui a régné lors de la conférence de Rome » le même mois. Coté compensation financière, Kaïs Saïed s’attendait à plus surtout que son pays traverse la pire crise économique et sociale de son histoire récente
La Commission européenne avait révélé le 22 septembre son intention d’allouer « rapidement » les fonds prévus dans le cadre de l’accord avec la Tunisie afin de faire baisser les arrivées de migrants depuis ce pays. Dans le détail, sur les 105 millions d’euros d’aide annoncée, quelque 42 millions d’euros devaient être rapidement débloqués. Auxquels s’ajoutent 24,7 millions d’euros déjà prévus dans le cadre de programmes en cours.
La Tunisie est, avec la Libye, le principal point de départ des milliers de migrants qui traversent la Méditerranée centrale vers l’Europe, et arrivent en Italie. Confrontée à un déferlement incessant de migrants sur ses côtes, la coalition dirigée par la première ministre Giorgia Meloni a adopté une série de mesures pour accélérer les procédures d’expulsion de clandestins ne pouvant invoquer le droit d’asile.
L’Italie a aussi conclu une série d’accords, avec la Tunisie et l’Égypte, pour faciliter les rapatriements. Le dispositif compte un centre de rapatriement «accéléré » installé en Sicile
pour accueillir les migrants irréguliers avant de les refouler . L’Italie considère notamment la Tunisie comme un « pays sûr», ce qui ne donne pas droit à une protection internationale à ses ressortissants. A en croire la Commission européenne, l’aide doit notamment servir à la remise en état de bateaux utilisés par les garde-côtes tunisiens. Elle aura aussi pour but d’améliorer la coopération avec des organisations internationales, à la fois pour la « protection des migrants », et pour des opérations de retour de ces exilés depuis la Tunisie vers leurs pays d’origine.