Les unités armées kurdes au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), aidées par les troupes américaines, ont renforcé leur siège d’une prison où sont détenus des individus suspectés d’être des militants de l’État islamique (Daesh) après que des détenus ont pris le contrôle de l’établissement pénitencier situé à al-Hassaka – une région faisant parie des territoires contrôlés par les Kurdes en Syrie, pays en guerre depuis 2011-, ont déclaré dimanche des résidents et des responsables. Plus de 120 personnes, en grande majorité des combattants, ont péri en quatre jours d’affrontements entre le groupe djihadiste État islamique (EI) et les forces kurdes dans le pays qui ont débuté jeudi, a indiqué ce dimanche l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). « 77 djihadistes et 39 combattants kurdes ont été tués » au total, de même que « sept civils », a précisé l’OSDH. Les militants ont fait exploser une voiture piégée près des portes de la prison, aidant ainsi des dizaines de détenus à s’enfuir vers le quartier voisin de Ghweiran à al-Hassaka, ont indiqué des témoins et des responsables.
Les FDS ont d’abord déclaré qu’elles avaient déjoué l’évasion et arrêté 89 militants qui s’étaient réfugiés à proximité, mais elles ont ensuite reconnu que les détenus avaient pris le contrôle de certaines parties de l’établissement. Dimanche cette coalition militaire formée le 10 octobre 2015, pendant la guerre civile syrienne, a déclaré que 17 de ses forces avaient été tuées lors de l’émeute la plus meurtrière dans les centres de détention accueillant des milliers de militants présumés arrêtés après leur défaite avec le soutien des États-Unis dans le nord et l’est de la Syrie.
Le Pentagone a confirmé, pour sa part, que la coalition dirigée par les États-Unis avait effectué des frappes aériennes en soutien aux FDS, qui cherchaient à mettre fin à l’évasion des prisonniers. Des notabilités tribales arabes en contact avec des habitants de la région ont déclaré que les troupes de la coalition américaine avaient pris position autour de la prison et que des avions avaient été vus en train de la survoler. Il n’a pas été possible de savoir combien de détenus se trouvaient dans la prison, la plus grande installation où les FDS ont gardé des milliers de prisonniers. Les proches de nombreux détenus disent qu’il s’agit de jeunes enfants et d’autres personnes arrêtées sur la base d’accusations légères ou pour avoir résisté à la conscription forcée des FDS. La plupart des détenus arabes dont des familles de djihadistes marocains sont détenus sans inculpation ni procès, ce qui alimente le ressentiment des membres des tribus qui accusent les forces kurdes de discrimination raciale, une accusation démentie par les forces dirigées par les Kurdes. L’organisation américaine Human Rights Watch affirme que les FDS détiennent environ 12 000 hommes et garçons soupçonnés d’être affiliés à l’État islamique, dont 2 000 à 4 000 étrangers originaires de près de 50 pays.
Des milliers d’autres sont détenus dans des centres de détention secrets où la torture est monnaie courante, selon des groupes civiques. Les forces kurdes syriennes nient ces accusations. Les prisonniers sont détenus dans des prisons surpeuplées où les conditions sont inhumaines dans de nombreux cas, selon Human Rights Watch et d’autres groupes de défense des droits.