Cela fait plusieurs mois que le landernau médiatique bruisse de rumeurs sur l’imminence de démarrage au Maroc de l’activité de Starlink, fournisseur d’accès à Internet par satellite de la société SpaceX appartenant à Elon Musk. Qu’en est-il réellement ?
Laila Lamrani
Une filiale aurait été même créée, mais aucune information officielle, faute d’une communication de la part de l’Autorité Nationale de Régulation des Télécommunications (ANRT), n’est venue confirmer les véritables intentions du milliardaire US dans le Royaume. Le projet Starlink de SpaceX consiste à déployer des satellites en orbite terrestre pour délivrer une connexion Internet d’envergure mondiale à l’ensemble de la population. .À ce jour, la constellation de Starlink compte déjà 420 satellites que son fondateur vise à porter à 42000. « Internet haut débit pour tous et partout», est la devise de l’alter ego de Donald Trump dont il a financé la campagne électorale dans le cadre d’une alliance de Donald Trump avec les géants de la tech américaine qui fait craindre le pire…
Après avoir mis dans sa poche l’Amérique, l’Europe et l’Asie, Musk s’est lancé depuis 2023 dans la conquête de l’Afrique, un marché très prometteur où à peine 37% de la population a accès à internet. Dans des pays comme le Nigeria, le Rwanda, le Malawi, le Kenya, le Mozambique et la Zambie, Starlink a rapidement gagné en popularité, notamment dans les zones rurales éloignées très peu couvertes. Pour encourager les abonnements, l’opérateur a ajusté ses tarifs via une offre plus ou moins compétitive, incluant un forfait mensuel d’environ 50 euros, et 410 euros de frais d’installation pour le matériel. Ce qui est certain c’est que l’arrivée de Musk dans l’équipe de Trump où il occupe une place centrale agira comme un accélérateur de son business planétaire.
Qui oserait dire non au copain du milliardaire republicain ? La technologie de Starlink, qui mobilise une constellation de satellites en orbite terrestre basse (LEO), revendique une rupture significative par rapport aux services Internet terrestres. Cette approche nouvelle promet un Internet haut débit fiable dans les zones urbaines et rurales, dépassant la plupart des réseaux mobiles existants, à l’exception de la 5G, en termes de vitesse.
Gros contrats
Mais l’euphorie des premiers jours est en train de céder la place à une évaluation plus objective de son impact, tempérée par les défis de tarification et de réglementation. En effet, les opérateurs télécoms traditionnels voient d’un mauvais œil l’arrivée de ce nouveau service numérique, redoutant une concurrence déloyale en matière de prix et de réglementation. D’où l’importance de l’intervention des autorités de régulation pour encadrer les activités de Starlink. Au Maroc, le contexte numérique est différent, marqué par une large couverture internet de qualité jusque dans les zones éloignées du pays.
Les opérateurs du secteur y sont dynamiques, notamment Maroc Telecom, bien implanté en Afrique à travers la marque Moov Africa, qui se distingue par sa politique constante d’investissements dans les infrastructures. Côté base clients, Maroc Telecom a enregistré à fin septembre 2024 quelque 79,7 millions d’abonnés dont 19,9 millions au Maroc. Sans compter les abonnés des deux autres concurrents, Orange et Inwi. C’est dire qu’il n’ y a pas de place pour un quatrième opérateur, sauf à vouloir permettre à un nouvel entrant potentiel de déstabiliser le marché et mettre en péril la pérennité des acteurs locaux qui ont investi massivement dans tous les domaines pour développer le secteur des télécoms au Maroc. Sans doute Starlink, la constellation de satellites placés sur une orbite terrestre basse, cible-t-elle de gros contrats qu’il voudrait signer avec des entités comme les Forces armées royales (FAR) pour les doter de dispositifs de communications mieux sécurisées.
C’est le schéma de collaboration privilégié par Elon Musk en Italie. Selon l’agence Bloomberg, les services de renseignement et le ministère de la Défense italiens ont donné récemment leur accord pour un projet estimé à plus d’un milliard de dollars portant sur des services de communication pour l’armée italienne dans la région Méditerranée et le déploiement de services de satellites pour les situations d’urgence. La proximité de Elon Musk, qui apporte publiquement son soutien à l’extrême droite européenne, est proche de la présidente du conseil nationaliste, Giorgia Meloni, l’héritière de Mussolini (le fondateur du fascisme) et du président républicain Donald Trump. Le Pentagone a déjà montré un vif intérêt pour le projet muskien qui ouvre de nouveaux horizons pour l’armée américaine sur ses théâtres de guerre.
Dans ce cadre, L’US Army a signé un contrat de 3 ans avec SpaceX pour obtenir, via ses satellites, une connexion internet plus stable avec moins de latence qu’une connexion satellitaire traditionnelle et tester une nouvelle technologie de GPS. L’homme le plus riche du monde, nommé par Donald Trump a la tête du département de l’efficacité gouvernementale, peut également compter sur des financements publics massifs. Le 7 décembre 2020, SpaceX a bénéficié de 885 millions de dollars de subvention de la Commission fédérale des communications (FCC), pour développer internet dans des zones rurales aux États-Unis grâce à son offre de haut débit satellitaire.
Quand Musk se rêve en chef martien…
Au fait, pourquoi Elon Musk a créé SpaceX? Il veut aller sur Mars ou du moins, faire en sorte que l’humanité s’y installe de manière permanente dans un futur relativement proche. D’après le patron de Tesla diagnostiqué comme autiste Asperger de haut niveau, nous pourrions, dans un avenir pas si éloigné, devenir une espèce multiplanétaire. Mais pourquoi alors se lancer dans le développement d’un réseau de communication aussi colossal, si le milliardaire rêve de quitter la planète Terre ? Dans un entretien vidéo pour le magazine Time, la présidente de SpaceX, Gwynne Shotwell, a expliqué qu’une fois que les humains auront colonisé Mars, « il leur faudra un moyen de communiquer», et qu’une constellation Starlink autour de la planète rouge pourrait être une solution. « Il s’agit en fait de donner une nouvelle chance à l’humanité au cas où il y aurait un événement horrible sur Terre : de déplacer les gens et de sauver l’humanité en leur permettant de vivre sur une deuxième planète, une deuxième Terre », a-t-elle ajouté. Pour Musk qui se vit en demi-dieu, la terre ne n’offre plus assez d’espace pour mieux vivre…