Partout, la chaleur, supérieure de plusieurs degrés aux normales de saison, est insupportable, avec des records atteints dans nombre de pays. Au Maroc, le mercure a frôlé les 47 degrés dans plusieurs régions
Laila Lamrani
En ce début d’été , la terre a chopé une grosse fièvre qui augmente de manière inquiétante au fil des années. Cela se voit, notre planète est malade et l’Homme, résigné face à cette situation dangereuse dont il est en grande partie responsable, subit sans réagir. Europe, États-Unis, Asie et Afrique… Partout, la chaleur, supérieure de plusieurs degrés aux normales de saison, est insupportable, avec des records atteints dans nombre de pays. Au Maroc, le mercure a frôlé les 47 degrés dans plusieurs régions, notamment dans les provinces du centre et du sud. Dans les villes côtières, comme Casablanca, la chaleur est tellement accablante (autour de 40 degrés) qui, associée à des niveaux d’humidité élevés, crée une sensation de lourdeur, d’inconfort, voire de fatigue. Dans ces conditions, la plage, refuge de nombreux habitants, a du mal à procurer la fraîcheur recherchée.
Le thermomètre s’est aussi emballé dans les pays du sud de l’Europe (Espagne, Italie, Grèce…) avec des températures dépassant largement les 40 degrés, mais aussi en France où plus des deux tiers du pays ont été placés en vigilance rouge. En plus de mettre le corps humain à rude épreuve avec des risques de mortalité particulièrement chez les personnes âgées, cette forte canicule favorise les feux de forêts qui ravagent plusieurs points du globe y compris au Maroc ou les autorités sont en alerte maximale.
En 2014, plusieurs millions d’hectares de forêt dont 350 millions rien qu’au Brésil ont brûlé dans le monde. Australie, Sibérie, Europe, États-Unis, Maghreb, Indonésie, Amazonie… La situation est brûlante, voire explosive sur tous les fronts. Les conséquences du réchauffement de la planète sont de plus en plus visibles dans le quotidien des populations qui en souffrent à des degrés divers. Ces phénomènes météorologiques extrêmes ont toujours existé mais le dérèglement climatique les a rendus fréquents et extrêmement dangereux avec des impacts irréversibles sur l’environnement. Multiplication des canicules et des inondations meurtrières, retard des précipitations, montée menaçante du niveau de la mer, amplification des feux de forêt, ouragans, dysfonctionnements agricoles, hausse des flux des migrants climatiques…
A travers ces catastrophes, la planète tire des sonnettes d’alarme à répétition pour réveiller les consciences endormies, voire hypocrites. Ces événements extrêmes, attribués à l’effet de serre, sont engendrés par des excès à la fois de consommation et de production que l’économiste Bernard Harris résume en quelques phrases : « Toute l’activité des marchands et des publicitaires consiste à créer des besoins dans un monde qui croule sous les productions. Cela exige un taux de rotation et de consommation des produits de plus en plus rapide, donc une fabrication de déchets de plus en plus forte et une activité de traitement des déchets de plus en plus importante ». Tant que les dirigeants du monde et ceux qui détiennent le pouvoir d’agir sur le réel pour installer un véritable cercle écologique vertueux, la santé planétaire, déjà sérieusement entamée, ira en s’aggravant.
Le dernier rapport du Giec (Intergovernmental Panel on Climate Change) sur l’état du globe, dévoilé en mars 2023, est on ne peut plus clair sur ce point. Au-delà des appels à la décarbonation de l’économie mondiale et l’élévation des énergies renouvelables au rang de nouveau mantra, le défi salutaire, dont est tributaire l’avenir du globe, réside dans une transformation en profondeur de nos modes de vie, de production et de consommation, fondés sur une surexploitation des ressources naturelles.
Ce cercle vicieux et ses multiples dérives ont enfanté une société basée sur l’accumulation de tout et n’importe quoi mais très peu de partage des richesses. Et ce ne sont pas les stratégies marketing à grands renforts de budgets, consistant à verdir l’image des gros pollueurs du monde, qui vont sortir les humains de cette grande et dangereuse impasse environnementale. Le résultat est là, très peu flatteur et terrifiant : En moins de 100 ans, l’homme moderne, guidé par le seul appât du surprofit, a fait plus de dégâts dans les écosystèmes terrestres et marins que toute l’humanité en plusieurs siècles. Dit autrement, les hommes engloutissent en quelques décennies ce que la planète a mis plusieurs millions d’années à produire. Le néolibéralisme est tout sauf un modèle et ses conséquences seront encore plus ravageuses pour les générations futures si une véritable transition écologique, incluant le passage rapide aux énergies renouvelables, n’est pas amorcée.