Centres d’appel : Teleperformance Maroc vire trois déléguées syndicales

Ahmed Zoubaïr

Le centre d’appel Teleperformance Morocco, ex- Majorel appartenant à Moulahom Hafid Alami, ne supporte pas les salariés syndiqués. Tous les prétextes sont alors bons pour les licencier, sans préavis ni indemnités! Trois membres du bureau syndical de l’UMT, toutes des femmes travaillant dans le site de l’entreprise à Mohammedia, l’ont appris à leurs dépens. Dans les lettres de licenciement envoyées en ce mois de mai aux intéressées, l’employeur invoque deux motifs : « violation du règlement intérieur et du contrat de travail » et «atteinte grave à la confidentialité de l’activité en accédant frauduleusement à un plateau de production sans autorisation d’accès ».

LETTRE

Selon Saoud Ayoub, secrétaire général de la Fédération Nationale des travailleurs des Centres d’Appel et des Métiers de l’Offshoring affiliée à l’UMT, il s’agit d’un « licenciement abusif » et les motifs mis en avant par l’entreprise « juste des prétextes ». « Les personnes licenciées sont des déléguées élues par le personnel du site de Teleperformance qui comprend deux plateformes installées dans un seul immeuble, l’une dédiée à Orange et l’autre à Zalando », explique-t-il, ajoutant que les trois déléguées ont accédé au plateau de Zalando sur demande de ses employés qui se plaignent d’une défaillance de la climatisation. Autrement dit, les trois responsables n’ont cherché qu’à exercer une responsabilité syndicale pour laquelle elles ont obtenu le vote des salariés des deux plateaux et pour ce faire n’ont pas besoin a priori de l’accord préalable de l’employeur.

Autrement dit, leur démarche n’a rien d’illégal et ne constitue en rien une faute grave qui mérite un licenciement comme cherche à le faire croire l’employeur qui dans son argumentaire peu convaincant agit comme si les deux plateaux étaient distincts alors qu’ils sont gérés par une seule entité, Teleperformance par des salariés estampillés tous Teleperformance !

Bien que Majorel ait fait l’objet d’une opération de fusion-absorption par Teleperformance qui se considère comme « l’une des plus grandes sociétés d’externalisation des processus métier (BPO) au monde », Moulahom Hafid a été nommé en août 2024 président du Conseil d’administration du groupe mondial. Or, selon les normes internationales du travail de l’OIT (recommandation no 143), les représentants des travailleurs dans l’entreprise devraient avoir accès à tous les lieux de travail lorsque leur accès à ces lieux est nécessaire pour leur permettre de remplir leurs fonctions de représentation.

Force est de constater que le licenciement de trois déléguées va également à l’encontre des dispositions de l’accord mondial sur la responsabilité sociale que Teleperformance a signé avec Uni Global Union, la fédération syndicale internationale comptant des affiliés dans 150 pays. Dans cet accord, Teleperformance s’engage à être une « entreprise basée sur l’éthique » et « reconnaît le rôle important que jouent les syndicats dans la représentation des intérêts des employés « . A l’exception de ceux du Maroc dont les délégués sont bons à être virés comme des malpropres ?

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