Cyclisme d’aventure de haut niveau : Karim Mosta célébré plus par la Chine…

Karim Mosta brandissant le drapeau national lors de son arrivée à Pékin.

L’exploit hors du commun de Karim Mosta, qui a réussi avec panache et brio à relier à vélo le Maroc à la Chine, n’a inspiré qu’ indifférence aux officiels et élus de son propre pays…Ces derniers ont-ils perdu à ce point les pedales?

L’ambassadeur de Chine à Rabat a donné récemment une réception grandiose en l’honneur de Karim Mosta en reconnaissance de son exploit exceptionnel: Relier Casablanca, sa ville natale, à Pékin, la capitale chinoise, à vélo, en solitaire et à 69 ans ! Rien de tel dans son pays natal dont il a pourtant porté fièrement les couleurs tout au long de son périple fabuleux mais combien difficile ! Aucune cérémonie officielle pour célébrer ni encourager à domicile celui qui a dû se contenter des félicitations de l’ambassadeur du Maroc à Pékin. Pas un seul membre du gouvernement Akhannouch n’a songé à lui témoigner au nom de la nation les marques d’estime et de considération pour sa prouesse historique. A croire que l’exécutif n’est programmé que pour s’exciter sur les actions futiles au pays avec force tralala ! Et pourtant, les ministres fondés et bien placés à le faire ne manquent pas. Le sport, l’industrie, le commerce, l’investissement, le tourisme et la culture. Ces départements ministériels sont au cœur de l’aventure palpitante de Karim Mosta qui se situe admirablement à l’intersection des multiples enjeux notamment économiques de la coopération entre le Maroc et la Chine, porteuse de projets à haute valeur ajoutée et féconde en opportunités d’investissement. Si la Chine investit au Maroc et lui vend tout et n’importe quoi, le Maroc a besoin surtout d’attirer plus de touristes chinois dont il n’a accueilli que 60.000 en 2023 contre 200.000 en 2019… 

Troublant

Sur le plan culturel, le haut fait de Karim Mosta est tout aussi riche en symboles puisque ce cycliste d’aventure hors pair est parti sur les traces d’un compatriote pionnier du 13ème siècle, Ibn Battouta, qui se rendit en Chine à pied depuis sa ville natale, Tanger. Quelle belle et puissante manière de relier le passé au présent et à l’avenir ! Le Maroc et la Chine sont deux nations séculaires dont la relation qui ne date pas d’hier tient la route ! Mais force est de constater que la deuxième puissance mondiale semble beaucoup mieux apprécier à sa juste valeur ce qui a été accompli par Karim Mosta…La télévision officielle chinoise, contrairement à sa consoeur marocaine, lui a consacré plusieurs émissions après son arrivée à Pékin le 28 août dernier.

L’indifférence était également au rendez-vous du côté de la mairie de Casablanca, sa ville natale. La mairesse, qui doit pédaler dans la semoule, n’a pas jugé utile de célébrer son baroudeur sans pareil en l’invitant à faire ne serait-ce qu’un tour d’honneur pour qu’il soit applaudi, un jour de week end, par ses compatriotes. C’aurait été une occasion de réjouissance dans une métropole morose, animée plus de vacarmes et de nuisances que d’esprit de fête… C’est tout de même troublant que la cheftaine du Conseil de la ville de Casablanca, Nabila Rmili, n’ait pas eu le réflexe du maire de la commune de Tonnerre (région Bourgogne Franche-Comté) qui a organisé vendredi 27 septembre à la salle de la mairie « une cérémonie d’accueil » en l’honneur de Karim Mosta… Elle comptait sur le wali de région Mohamed Mhidia, qui fait par ailleurs des prouesses éclatantes sur tous les fronts, pour cette activité aussi?! Heureusement qu’il y a la Club Rahal appartenant à la famille de l’ambassadeur gastronomique du Royaume, pour mettre du baume au cœur de l’enfant prodige de l’ancienne médina et lui faire oublier le désintérêt assourdissant des officiels et des élus en célébrant cette légende vivante et vivace du cyclisme d’aventure dont le courage et la détermination peuvent être inspirants pour la jeunesse. « Je pars sans assistance, avec mon vélo et mes quelques sacs. Je vais être un peu comme les marins qui prennent la mer en solitaire pour l’autre bout du monde, car au-delà de la Géorgie, jusqu’en Chine, ce sera une aventure totale, pressent-il. Je ne pourrai compter que sur moi et sur mon vélo. », avait confié avant le démarrage de son aventure en février 2024 celui qui a parcouru 15.370 km en 8 mois, en traversant pas moins de 15 pays issus de trois continents : Afrique, Europe et Asie. Avec en poche juste la somme de 100.000 DH comme argent récolté de quelques sponsors ! Visiblement, les partenaires prêts à financer les performances dignes de ce nom, qui de surcroît contribuent au rayonnement international du pays, ça ne court pas non plus les rues…

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