L’ex-président du Raja a rejoint au pénitencier de Oukacha son frère Abdallah lourdement condamné dans deux affaires distinctes de faux et usage de faux dans des transactions immobilières.
Ahmed Zoubaïr
Placé en détention après son extradition d’ Allemagne le jeudi 24 avril 2025, Mohamed Boudrika s’emploie depuis son séjour à l’ombre à régler ses problèmes au Maroc, principalement les chèques sans provisions qu’il a distribués à droite et gauche au temps de son sentiment d’impunité. Mais il est un dossier qu’il ne peut pas résoudre par la magie de l’argent et dont les éléments accusatoires fournis par les autorités judiciaires marocaines à leurs consoeurs allemandes ont servi de base légale pour approuver son extradition.
En cours d’instruction devant le tribunal de Aïn Sebaa à Casablanca, cette affaire porte sur sa falsification d’une attestation de conformité et d’achèvement des travaux concernant un complexe de logements économiques. Un document délivré, conformément à la loi en vigueur, par l’architecte du projet. Mais le Boudrika n’a pas attendu la fin du chantier pour l’obtenir de manière légale auprès de l’architecte. Il s’est permis de falsifier l’attestation et c’est en passant devant le projet qu’il découvre le pot-aux-roses : la mise en vente des appartements dont une bonne partie est déjà occupée. Alerté par cette situation qui engage sa responsabilité, l’architecte entre en contact avec les services de la commune de Lahraouiyine qui lui apprennent que le promoteur a obtenu le permis d’habiter après avoir produit toutes les pièces nécessaires dont la fameuse attestation.
Sur ce, il porte plainte contre Mohamed Boudrika pour falsification de signature. L’ex-président du Raja et ancien élu du RNI n’hésite pas à piétiner la loi. Sur ce dossier, était trop pressé de mettre en vente les logements et d’encaisser l’argent. Mal lui en pris. Cet empressement à vendre pour devancer la concurrence est un trait de famille chez les Boudrika. N’a-t-il pas été à l’origine de l’effondrement en février 2026 d’un immeuble en construction de quatre étages appartenant au père de Mohamed Boudrika, situé dans l’arrondissement de Ain Chock à Casablanca ? Cet accident a coûté la vie à deux maçons et trois autres s’en sont sortis avec des blessures. Le papa, qui voulait en finir rapidement avec le chantier pour commencer la commercialisation des appartements, a tenté de faire porter le chapeau à l’architecte et au bureau d’études. Mais la responsabilité en incombe au promoteur immobilier qui a ordonné au chef de chantier d’entamer la construction du quatrième étage alors que la dalle en béton du troisième étage n’a pas eu le temps nécessaire pour sécher.
C’était la version des faits soutenue par le président de la commune de Aïn Chock de l’époque et l’ordre des architectes de Casablanca. Une thèse crédible réfutée par le maître d’ouvrage dont les agissements à l’origine de cette catastrophe mortelle ne lui ont valu bizarrement aucune sanction. A l’époque la famille Boudrika, dont le charme opérait encore auprès de divers milieux, jouait de ses appuis et bénéficiait d’une certaine impunité. Mais les temps ont changé entretemps. Preuve, un frère de Mohamed Boudrika, Abdallah, écope de 5 ans de prison ferme fin janvier 2025 dans une sombre histoire de falsification, avec la complicité entre autres d’un notaire du nom de Younes Sayeh, d’une promesse de vente et d’un contrat de vente définitif portant sur une villa. Prononcée par la Cour d’appel de Casablanca, la condamnation du frère Boudrika s’ajoute à une autre de 6 ans de prison dans une autre histoire de «faux et usage de faux» et de «falsification de documents officiels liés à une propriété foncière», dans la région de Casablanca-Settat. Les deux frères Boudrika se sont enfin retrouvés. Au pénitencier de Oukacha que Mohamed a tout fait pour fuir, allant jusqu’à’ simuler un séjour médical à l’étranger pour quitter le pays . Mais la justice a fini par le rattraper.