Le gouvernement autorise l’importation des viandes rouges : Le Maroc sur le grill 

Le grand défi est d’agir sur les prix à la baisse.

Les filières agricoles nationales commencent à donner des signes d’essoufflement sérieux qui menacent la compétitivité de l’agriculture nationale. A commencer par le secteur des viandes rouges dont les prix ont atteint des niveaux astronomiques.

Les Marocains vont bientôt manger le jarret et les côtelettes d’agneau en provenance d’une flopée de pays ! Ainsi le contenu du tajine n’aura de Marocain que la tomate, les carottes, l’oignon et les incontournables pommes de terre. C’est la dernière parade trouvée par le gouvernement pour agir à la baisse sur les prix des viandes rouges qui ont atteint des niveaux astronomiques pesant très lourd sur le pouvoir d’achat de la population. A Paris, le kilo de viande bovine ou ovine coûte en boucherie autour de 6,5 euros (soit moins de 80 DH) contre 120 DH à Casablanca ! 

Dans l’espoir d’atteindre cet objectif, le gouvernement a donc donné le feu vert pour l’importation « dans une durée limitée » des viandes rouges, congelés ou réfrigérés, en provenance des pays dont la liste a été précisée dans une décision d’ONSSA en date du 15 octobre qui fixe aussi les conditions d’importation. Pour les viandes ovines et caprines, il s’agit des pays de l’Union européenne, Andorre, Albanie, Argentine, Australie, Canada, Chili, États-Unis, Grande-Bretagne, Nouvelle Zélande, Russie, Serbie, Singapour, Suisse et Uruguay. Quant aux viandes bovines, l’autorisation d’importation inclut, en plus des pays en question, le Brésil, le Paraguay et l’Ukraine. Les importateurs sont tenus de fournir aux services concernés le certificat d’abattage rituel halal fourni par les organismes issus des pays d’origine de la marchandise.

Derrière la décision d’ouvrir les vannes d’importation des viandes étrangères se cache la volonté gouvernementale de casser le monopole et la spéculation auxquels se livrent les importateurs des animaux vivants. Ce sont eux qui ont mis le feu aux prix des viandes en n’alimentant le marché de l’abattage qu’en doses homéopathiques de telle sorte d’organiser la rareté qui a conduit au renchérissement actuel. «Le comportement de ces profiteurs de la crise qui s’enrichissent de manière indue sur le dos du consommateur est scandaleux surtout qu’ils ont bénéficié de plusieurs exonérations de taxes à l’import », explique une source agricole qui n’écarte pas la possibilité de les obliger à restituer les avantages financiers dont ils ont bénéficié au titre des exonérations fiscales. Le gouvernement, qui s’est distingué jusque-là par un certain laxisme, a mis du temps à comprendre que le pays était devenu otage d’un lobby composé de quelques importateurs voraces qui se fait en plus engraisser à coups d’argent public. Trop, c’est trop ! il fallait taper du poing sur la table pour pousser ces opportunistes sans foi ni loi qui prennent les Marocains pour des vaches à traire à achalander normalement le marché et mettre fin à leur politique de la rétention à des fins spéculatives. On verra si les nouvelles résolutions gouvernementales, qui englobent aussi la subvention des génisses locales ou d’importation ainsi que le soutien des aliments composés destinés au bétail, feront baisser les prix dans les boucheries du pays.

Mais il n’y a pas que la cherté excessive des viandes rouges et la crise de l’élevage qui donnent du fil à retordre à l’exécutif. Un autre dossier d’importance, jugé essentiel, porte sur la situation délicate des olives de table dont les volumes d’exportation ont connu une baisse assez significative à cause de la sécheresse mais aussi en raison de la concurrence féroce de l’Égypte. Pour maintenir l’activité des usines de conserves de ce produit et sauvegarder l’emploi, le gouvernement a décidé de les subventionner à hauteur de 2 DH le kilogramme tout en facilitant l’exportation de l’huile de grignons d’olive et l’huile d’olive lampante utilisée comme combustible. Une autre filière tournée vers l’export (Union européenne) bénéficiera du soutien gouvernemental à hauteur de 1 DH le kilogramme. Il s’agit des agrumes qui commencent à perdre des parts de marché à l’international en raison de la baisse de la production et des volumes à l’export. En cause, une série de facteurs exogènes et endogènes comme le changement climatique, le stress hydrique et l’usure des vergers. Sur ce segment, le Maroc doit relever de nombreux défis pour ne pas perdre ses positions au profit de la concurrence rude de l’Espagne, la Turquie et l’Égypte.

Les chaînes de production agricoles sont mises à rude épreuve. C’est pour trouver des solutions aux difficultés qui les minent que le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a réuni jeudi 10 octobre les représentants des différentes filières en présence notamment du ministre de l’Agriculture Mohamed Sadiki, son collègue du Budget Faouzi Lekjaa et le trésorier du Royaume Noureddine Bensouda. Une nouvelle approche agricole est devenue une urgence pour protéger l’agriculture nationale et l’élevage contre les divers déséquilibres qui menacent sa compétitivité et provoquent sur le marché national le renchérissement des prix des denrées qui sont au cœur de la pitance quotidienne du peuple. Il y va de la sécurité alimentaire du pays et de sa cohésion sociale.

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