Ce n’est pas pour rien que l’outsourceur marocain, qui a droit régulièrement à des articles de presse laudateurs, a décroché la certification «top employer» pour 2025.
Ahmed Zoubaïr
Nul n’est prophète en son pays. Cet adage, le groupe marocain Intelcia le respecte à la lettre. Présents sur trois continents (Afrique, Europe et Amérique), la multinationale spécialisée dans les centres d’appel, fondé en 2000 par Karim Bernoussi, a signé fin décembre 2024, via sa filiale camerounaise, une convention collective d’entreprise, avec la Syndicat national autonome des travailleurs des nouvelles technologies de l’information et de la communication (Syntic) et sa section syndicale d’entreprise représentant les employés de Intelcia Cameroun. Rien de tel à Intelcia Maroc, pourtant pays de la maison-mère qui abrite le siège international du groupe et y dispose de plus d’une dizaine de sites totalisant près de 10.000 téléopérateurs. Bien qu’il soit implanté au Maroc depuis 2004, les dirigeants de Intelcia ont préféré réserver leur première convention collective au Cameroun pourtant d’installation récente, 2015. Les voix des centres d’appel sont impénétrables!
Ce n’est pas pour rien que l’outsourceur marocain, qui a droit régulièrement à des articles de presse laudateurs, a décroché la certification «top employer» pour 2025, décerné par l’institut Top Employers aux « entreprises les plus engagées dans le développement d’un environnement de travail de qualité » ! Cela se voit que cette enseigne a les capacités objectives pour reconnaître les bons patrons et les « Best Places to Work ».
« La certification Top Employer est une victoire collective, mais aussi une reconnaissance naturelle pour une entreprise qui fait des « people » son cœur de métier. Nous nous engageons à les former, à les accompagner dans leur parcours professionnel et à leur offrir les meilleures conditions pour qu’ils s’épanouissent. L’humain est notre moteur et c’est ce qui fait notre différence », s’est enthousiasmée Naoual Chichaoui, « Group Chief People Officer », à Intelcia qui a certainement réponse humaine à tout. A ces questions par exemple : Ce qui est bon pour les salariés de Intelcia Cameroun ne le serait-il pas pour leurs collègues marocains ? Sinon, comment expliquer ce qui ressemble à une forme de discrimination flagrante, ce double standard syndical très téléphoné ? Est-ce-à dire que les travailleurs de Intelcia Cameroun méritent d’être mieux protégés dans leurs droits que leurs congénères du Maroc ? C’est la première convention d’entreprise du groupe en Afrique et elle est donc camerounaise. Alléluia ! D’autres pays du continent suivront sans doute et lesquels ? D’après une source qui n’est sûre de rien comme dirait Coluche, le Maroc pourrait faire partie de la liste.
En attendant la bonne nouvelle, il n’est pas superflu de rappeler qu’une convention collective est la meilleure chose juste et rassurante qui puisse arriver à un salarié car elle définit les conditions de travail, les salaires, les congés payés, les droits et obligations des employeurs et des travailleurs, protège la liberté syndicale et la liberté d’expression, tout en adaptant les règles du code du travail aux situations particulières du secteur d’activité concerné. Et Dieu sait si celui des centres d’appel, où les restrictions syndicales sont légion, traîne comme un boulet la fâcheuse réputation d’être le secteur qui a su réinventer avec brio l’esclavagisme. Chut! Il ne faut pas surtout le dire à Top Employers pour ne pas leur gâcher le moral… Et les flops employers? C’est pour les autres qui ne paient que de mots ? Allo, il y a quelqu’un?