La décision que les automobilistes attendaient depuis longtemps est tombée. La fin des abus des gardiens de voitures. Cette décision a été notifiée dans une note-circulaire datée du 31 décembre 2024 par la présidente du Conseil de la ville de Casablanca, Nabila Rmili, aux présidents de 16 arrondissements.
Ahmed Zoubaïr
La décision de la maire, prise sur ordre du wali de la région l’excellent Mohamed Mhidia, indique qu’à « compter de la date de signature de cette note (…), il est demandé aux présidents des arrondissements qui relèvent de la commune urbaine de s’abstenir de délivrer ou de renouveler les autorisations individuelles d’exercice de l’activité de gardiennage de voitures, de motos et autres véhicules ». Merci la coupe du monde 2030. Qui est en train d’accélérer la mise à niveau urbaine et l’assainissement de la ville d’une foultitude de nuisances incompatibles avec le statut d’une métropole se voulant le hub de l’Afrique.
Les gardiens de voitures, ces « gilets jaunes » à la marocaine ont profilé partout. Sur les boulevards et les artères, les rues, les ruelles et jusque dans les impasses. Aux abords de toutes sortes de commerces et administrations, devant les pâtisseries, cafés, restaurants, marchés, supermarchés, boucheries. En bas de votre immeuble et devant l’entrée de votre lieu de travail ou en sortant de la mosquée… En sortant de chez vous, il faut payer. Pour aller travailler, il faut payer. Pour prier, il faut payer. Pour faire ses courses, il faut payer. Même si vous n’achetez rien, il faut payer quand même ! Pas le moindre arpent de l’espace public, fréquenté par l’homo automobilus, n’échappe à leur contrôle. C’est ainsi que Casablanca a été transformé par l’on ne sait quelle loi en d’innombrables parkings à ciel ouvert, objet de plusieurs sous-locations, qui in fine enrichissent une caste qui n’en finit pas de se servir via une fausse activité utilisée comme un moyen pour racketter les automobilistes. Moralité : Le dynamisme des uns sert à financer la rente des autres dans une truanderie permanente qui ne dit pas son nom.
Voie publique
Ce pseudo-métier des sans travail ni qualification, est vraiment peinard. L’argent pleut sans fournir le moindre effort, sauf celui de tendre la main. Minimum 300 DH par jour. Sans aucune contrainte qu’elle soit d’ordre horaire ou autre. Comme « job » futile au pays et nuisible à la communauté , il n’y a pas mieux.
C’est pour cela qu’il est très convoité par tous ceux qui ne veulent pas se casser la tête. Jeunes comme vieux. Ces individus sont souvent trois ou même quatre à se partager une même rue comme un butin de guerre. Plus nombreux que les agents en uniforme officiel toutes fonctions confondues, ils sont partout nos anges gardiens des quatre roues (il ne manque plus qu’ils investissent votre espace vital pour veiller sur votre sécurité ! ). Côté sécurité, les Marocains sont bien servis ! Impossible que ces quidams que l’on reconnaît à leur blouse bleue ou gilet jaune, arborant pour la majorité la tronche de malfrats, ratent l’automobiliste qui a le malheur de se garer ne serait-ce qu’une dizaine de secondes. Dotés d’une audition sensible au bruit des moteurs, supérieure à la normale, ils accourent dès que vous vous apprêtez à démarrer pour pointer à hauteur de la portière en tendant énergiquement la main. Peu importe la durée du stationnement ! Tarif minimum : 2 DH les jours de semaine contre 5 et même 10 DH dans certains endroits très fréquentés pendant le week-end. Il faut passer à la caisse même en cas de stationnement
en deuxième ou troisième position ! Ils tirent sur tout ce qui roule ou s’arrête sur la voie publique… Si vous êtes amené à faire plusieurs déplacements quotidiens en ville, c’est un vrai budget qu’il faut mobiliser. Les automobilistes en ont marre d’être tondus comme des moutons. En continu et sans aucune contrepartie. Si vous rechignez à faire acte de générosité, le gardien autoproclamé vous dévisage en vous envoyant une bordée d’injures à la figure… Pour échapper au paiement de cette taxe inventée pour leur profit par nos très chers élus-qui a dit qu’ils n’ont pas d’imagination ?-, il n’y a qu’un seul moyen: rouler, rouler, rouler. Sans jamais stationner. Autrement, c’est la punition. Toute peine mérite salaire et la peine de ces forçats du parking consiste, paraît-il, à empêcher votre véhicule de se volatiliser… Ainsi va le quotidien des automobilistes dans les différents arrondissements de la métropole que ce soit au Maârif, Sidi Belyout, Anfa, Aïn Sebaâ… Ils se font taxer sans moufter, de jour comme de nuit, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les jours ouvrables, les samedis et les dimanches et les périodes de fête. Qu’il pleuve ou qu’il vente. Pas de répit pour la ponction. Les parkings sauvages installés sur des terrains vagues tout autour de la Joutia de Derb Ghallef ou de Morocco Mall sont réputés parmi les plus juteux de la ville.
Une véritable pompe à fric qui fonctionne à jet continu, avec un pic de rentabilité pendant les jours du week-end qui connaissent un rush humain phénoménal. Les samedis et dimanches, le tarif est fixe, 10 DH indépendamment de la durée du stationnement. Si l’on suppose que ces deux pôles très fréquentés attirent en moyenne chacun un minimum de 10000 voitures par jour… À vos calculettes ! Vous avez dit argent difficile ? L’on comprend aisément dans ces conditions les raisons inavouées de la guerre menée en sous-main il y a quelques années par certains élus contre les horodateurs installés par la mairie sur des artères de la ville en tentant de récupérer la colère des anti-sabots. Prétexte avancé : L’illégalité du recours à ce dispositif d’immobilisation des voitures par défaut de paiement du droit de stationnement. Cette guerre non dénuée d’arrière-pensées visait à obtenir le démantèlement des horodateurs existants et à freiner leur expansion en vue de favoriser la généralisation des parcmètres humains qui fonctionnent en toute illégalité et dans l’opacité totale. « Au moins avec les horodateurs, les choses sont claires puisqu’elles indiquent l’heure limite au-delà de laquelle vous devez soit payer de nouveau un ticket ou quitter la place de parking », explique un automobiliste. La transparence, bien sûr, n’arrange pas les élus véreux qui continuent à s’enrichir de manière indue et scandaleuse sur le dos des personnes motorisées. Jusqu’à quand?
Individus multiservices…
Les gardiens qui se sont invités en pagaille dans le paysage urbain grâce à l’engagement de certains élus sont en fait des hommes à tout faire, utilisés par leurs « employeurs » dans différentes occasions, essentiellement lors des élections. En guise de récompense pour leur rôle de rabatteur pendant la campagne électorale, ils sont placés pour certains comme préposés au gardiennage des voitures qui versent à leurs « bienfaiteurs » une somme mensuelle forfaitaire qui peut aller jusqu’à 30 000 DH pour un petit parking. Puisqu’il s’agit d’une activité informelle, voire illégale, rien n’est écrit, les choses fonctionnent à la confiance. Comme ils sont constamment dans la rue, l’œil toujours ouvert, ces gardiens sont utilisés comme des auxiliaires par la police en cas de besoin…Ils sont surtout un gisement de cash inépuisable, qui échappe totalement a toute fiscalité, où puise à volonté une camarilla de rentiers qui s’arrangent pour décrocher les appels d’offres relatifs aux aires de stationnement, lancés dans une belle opacité par les communes urbaines comme des Scud sur la tête de leur cible : la communauté des automobilistes. Les bénéficiaires de ces autorisations de s’enrichir de manière indue sont souvent des élus véreux qui se sont spécialisés depuis des années dans ce business juteux dont ils maîtrisent toutes les ficelles. Il est grand temps que les grands manitous du parcmètre humain sortent de l’anonymat pour recevoir les hommages de la nation pour leur contribution remarquable à la réduction du chômage au Maroc.