Les choses sont claires comme l’eau de roche : Trump 2 est revenu à la Maison Blanche pour achever ce qu’il avait commencé…
Abdellah Chankou
Attaquant bille en tête, Donald Trump veut reconfigurer le monde selon sa propre vision, en signant des décrets à tour de bras. Tant pis si son slogan « Make America Great Again» risque de provoquer le chaos et l’injustice . La tornade Trump frappe partout, jusque dans le camp des alliés traditionnels de Washington qui ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés. Avec le milliardaire républicain et son comparse Elon Musk auquel il a livré les centres névralgiques du pouvoir américain pour y faire le ménage, le monde est bien parti pour goûter aux délices d’une nouvelle dictature sans frontières. Bye bye la démocratie et ses arrangements de façade !
Ce n’est pas seulement une guerre commerciale que le locataire de la Maison Blanche, protectionniste et imprévisible à souhait, risque de provoquer dans la planète du business mondialisé. Mais des guerres tout court. Avec les voisins immédiats et alliés économiques des États-Unis, le Canada et le Mexique, qu’il a menacés de droits de douane élevés avant de revenir sur sa décision après être parvenu à ses fins : rendre hermétiques les frontières terrestres face aux flux de migrants illégaux mexicains. Après avoir supprimé le droit au sol pour les enfants de migrants, il a lancé la chasse aux irréguliers dont il a déjà refoulé plusieurs contingents et se prépare désormais à déporter le reste à Guantanamo comme s’ils étaient des terroristes ! Ce n’est pas quelques états d’âme exprimés sur les plateaux de certaines télés européennes qui vont le dissuader d’aller jusqu’ au bout de sa logique provocatrice qui ne s’embarrasse ni du droit ni des lois. C’est la même logique cavalière qui nourrit sa volonté de vider Gaza de sa population pour la mettre sous pavillon américain et la transformer en station balnéaire pour milliardaires décomplexés. Ce projet politiquement et moralement inacceptable, illégal au point de vue du droit international, dénoncé vigoureusement par de nombreux pays, met en lumière les desseins de Donald Trump ou plutôt ceux de l’entité à laquelle il doit probablement son retour au pouvoir nonobstant ses multiples casseroles judiciaires et pour laquelle il agit par procuration avec un zèle époustouflant: le sionisme génocidaire aux commandes à Tel Aviv et dont les relais de puissance se trouvent à New York et Washington.
Le fait que Benyamin Netanyahou, le criminel de guerre, soit le premier chef d’État étranger à être reçu en grande pompe par Donald Trump ressemble à un retour d’ascenseur. Celui-ci a commencé le jour même de son investiture, le 20 janvier, avec l’annulation des sanctions, adoptées par son prédécesseur, à l’encontre des colons, impliqués dans des violences contre les Palestiniens en Cisjordanie occupé ! Un geste qui sonne comme un encouragement de la poursuite des exactions de l’armée de l’occupation dans ces territoires que Trump se dit favorable à leur annexion… Le plan trumpien est clair : faire partir les Palestiniens de leur terre et la consacrer définitivement israélienne. La solution à deux États, qui du reste relevait juste de la rhétorique diplomatique pour continuer à donner de faux espoirs au peuple palestinien, est ainsi définitivement enterrée. Un Proche-Orient sans la Palestine, l’extrême droite israélienne est aux anges! S’il y’avait encore un doute sur le sionisme assumé de Trump, sa signature jeudi 6 février d’un décret imposant des sanctions à la Cour pénale internationale et à ses représentants en guise de représailles contre ses enquêtes menées sur le génocide perpétré par les terroristes israéliens à Gaza et l’émission d’un mandat d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou et son ancien ministre de la défense Yoav Gallant, est venue le lever.
Dans ce contexte, le cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne martyr que le chef MAGA a obtenu du colonisateur sanguinaire s’apparente à une démarche tactique qui s’inscrit dans un plan global sioniste parrainé et soutenu par Donald Trump, qui agit en véritable gourou des Chrétiens évangéliques. À partir d’une lecture littérale de la Bible, ces derniers dénient toute existence d’un État palestinien et croient dur comme fer que Dieu a promis aux Juifs une terre qui s’étend du « Nil à l’Euphrate », englobant la Judée et la Samarie, la bande de Gaza, les hauteurs du Golan et Jérusalem Est. C’est dans cet esprit que Donald Trump avait reconnu lors de son premier mandat, le 6 décembre 2017, Jérusalem capitale d’Israël, suscitant la colère des Palestiniens et une vague de réprobation au Proche-Orient et bien au-delà. Les choses sont claires comme l’eau de roche : Trump 2 est revenu à la Maison Blanche pour achever ce qu’il avait commencé.
La promesse de Trump c’est le chaos et la guerre. Les contours de la guerre civile en interne se profilent à l’horizon en raison de ses attaques brutales contre les composantes de l’administration fédérale comme l’USAID dont il a confié la tâche du démantèlement a l’ »employé spécial du gouvernement » qu’est Elon Musk. Les protestations ont déjà commencé, ce qui montre que les Américains ne comptent pas se laisser conduire à l’abattoir sans réagir…
Jusqu’ici alliée de l’Oncle SAM et atlantiste jusqu’à la dépendance, la vieille Europe est aussi dans le collimateur de Donald Trump dont il voit un adversaire qu’il cherche à soumettre à ses oukases, provoquant dans les rangs de ses dirigeants une grosse panique… Le voilà qui contourne l’ONU en décidant de rencontrer le président russe Vladimir Poutine en Arabie Saoudite pour discuter de la guerre en Ukraine. Sans les principaux concernés, Kiev et les Européens! Celui qui veut changer l’ordre mondial hérité de 1945 à coups de sorties de son pays des instances de l’ONU inquiète et affole à la fois. Son entêtement à vouloir régenter le monde selon ses caprices risque d’aboutir à une reconfiguration des alliances géopolitiques au détriment des intérêts américains qu’il est censé défendre à outrance .Sous les coups de menton de Trump, un nouveau monde, pas forcément celui qu’il a imaginé, pourrait émerger… La Chine, considérée par Donald Trump comme le vrai rival des Etats-Unis, est dans le wait and see. Le géant asiatique n’a jamais été mieux positionné pour rafler la mise…