C’est parti pour le service militaire obligatoire 2025 ! Depuis son rétablissement en 2019, plusieurs milliers de jeunes issus de toutes les régions du Maroc ont été appelés sous les drapeaux pour une période de formation militaire et professionnelle de 12 mois. Une chance inespérée pour les conscrits.
LailaLamrani
Assistant dans une épicerie de Casablanca, Mohamed est un peu inquiet et ça se voit sur son visage. Ses parents restés au bled dans la région d’Agadir lui ont appris que le Mokaddem a déposé au cours du mois d’avril dernier à la maison un document qui lui est destiné. Renseignement pris, il s’agit d’un formulaire de recensement relatif au service militaire au titre de la promotion des appelés de l’année prochaine.
Les jeunes comme Mohamed, âgés entre 19 et 25 ans, sont dans le même état d’esprit, appréhendant cet appel sous les drapeaux. Il faut dire que le sujet, très débattu en famille ou entre copains, intrigue autant qu’il inquiète surtout ceux qui ont déjà un travail et qu’ils doivent abandonner pour les casernes en échange d’une indemnité mensuelle symbolique Serais-je à la hauteur de la mission ? Quelle vie je vais mener là-bas ? Quelle tâches suis-je amené à exécuter ? Autant de questions et bien d’autres qui taraudent d’autant plus nombre de jeunes appelés que l’armée a la réputation d’être une institution rigoureuse où on ne badine pas avec les règles et la discipline.
Au-delà de la nécessité de repositionner les jeunes hommes pour les besoins de la défense nationale en suscitant des vocations qui se font rares par les temps qui courent, le service militaire n’a que des avantages. En plus de renforcer le sentiment d’appartenance nationale et d’inculquer aux jeunes les valeurs de respect, de solidarité et d’engagement, cette expérience leur permet d’apprendre un métier ou d’acquérir une formation. Objectif : les préparer pour mieux s’insérer sur le marché du travail à la fin de leur service.
En effet, l’armée n’a pas pour seule fonction la défense des frontières nationales. D’autres missions lui ont été assignées qui tiennent compte de la montée en flèche du chômage dans les rangs de la jeunesse marocaine. Dès le début, les appelés bénéficient d’une formation de base de quatre mois, suivie d’une spécialisation dans l’un des 25 métiers proposés qui couvrent des secteurs aussi essentiels tels que l’agriculture, le transport ou les services comme l’informatique. Dans ce cadre, les FAR ont noué des partenariats avec des institutions publiques et privées, à l’image de celui
établi avec le ministère de l’Agriculture qui a permis la mise en place de formations agricoles, ce qui est de nature à faciliter l’intégration des jeunes dans la filière agricole. Ou le partenariat avec l’Office National des Chemins de Fer (ONCF) qui a abouti à la création de formations ferroviaires, offrant aux jeunes une qualification reconnue dans le secteur du transport. Le développement du rail au Maroc, à la faveur de la généralisation de la ligne à grande vitesse (lancement par le souverain le 24 avril 2025 de la LGV Kenitra-Marrakech), crée évidemment une demande en ressources humaines qualifiées. Un autre secteur tout aussi stratégique en a grandement besoin, l’agriculture qui souffre d’une crise de main d’œuvre bien formée. D’où le partenariat noué par les FAR avec le ministère de l’Agriculture en vue de la mise en place de formations agricoles, de telle sorte de faciliter l’intégration des jeunes appelés du contingent dans la filière agricole.
Allier engagement patriotique et insertion dans le monde du travail, tel est le défi que les Forces Armées Royales relèvent à travers le service militaire. « Le quotidien de soldat n’a rien d’une sinécure mais l’armée forge un caractère et représente une véritable école de la vie », explique un retraité des FAR. qui ajoute : L’armée peut être un bon métier pour ceux parmi les appelés «oisifs» qui auront montré certaines aptitudes». En effet, en vertu des articles 37 et 38 du règlement de la discipline générale dans les FAR, les appelés ayant des qualifications techniques ou professionnelles peuvent, après accomplissement de la formation commune de base remplir des missions ponctuelles au sein des administrations publiques sur autorisation de l’autorité militaire qui en fixe les conditions et la durée. Les résultats sont probants : de nombreux jeunes ayant effectué leur service militaire ont trouvé une place dans les institutions militaires, les administrations publiques ou le secteur privé. Cette réussite témoigne de l’efficacité du modèle mis en place par les FAR pour favoriser l’insertion professionnelle des conscrits.
Le déroulement du service militaire se divise en deux parties : une formation militaire générale de 4 mois, suivie d’une formation professionnelle dite de « spécialisation » de 8 mois. Lors de cette première phase, les enseignements dispensés sont à la fois théoriques et pratiques. La préparation physique des conscrits implique des parcours d’obstacles, le maniement d’armes, des exercices d’endurance ou des combats rapprochés. Cette première phase de la formation s’achève sur une initiation au tir lors d’expéditions groupées ou lors de séances individuelles. Côté protection sociale, les appelés sont armés. Ils bénéficient, au même titre que les militaires d’active, de soins dans les hôpitaux militaires, de la couverture médicale, de l’assurance décès et d’invalidité ainsi que de l’assistance médico-sociale.
Processus de sélection
Ce sont plusieurs milliers de jeunes par an ( le service a connu une interruption de deux ans due à la pandémie de Covid-19) qui sont appelés sous les drapeaux en vertu du projet de loi n°44.18 relative au service militaire abandonné en 2006. Les candidats sont retenus au terme d’une opération de sélection et d’incorporation des appelés qui se déroulent dans des centres d’instruction prévus à cet effet. Adopté lundi 20 août 2018 en Conseil des ministres présidé par le souverain, il dispose qu’en vertu de l’article 38 de la Constitution, les citoyennes et citoyens «contribuent à la défense de la patrie et de son intégrité territoriale ». Sauf en cas d’inaptitude physique ou de santé attestée par un rapport médical en bonne et due forme, le soutien de famille ou la poursuite d’études ou de condamnation à une peine de prison ferme de plus de 6 mois, les appelés qui ne se présentent pas « sans motif valable » sont passibles d’un emprisonnement d’un à trois mois et d’une amende de 2.000 à 5.000 DH.