Laila Lamrani
Ce qui n’était qu’une simple élection de la vice-présidente de la Commission de l’Union africaine (UA) a tourné, samedi 15 février, au duel diplomatique entre le Maroc et l’Algérie. C’était prévisible puisque la rivalité historique entre les deux pays sur fond du dossier du Sahara marocain a déteint sur ce scrutin en le transformant en concours d’influence, une sorte de référendum où la défaite de l’un signifierait le plébiscite de l’autre. Ce qui est loin d’être vrai.
Trois femmes étaient en lice pour ce poste, la sereine Marocaine Latifa Akharbach, la flegmatique Égyptienne Hana Morsi et la surexcitée Algérienne Selma Haddadi. C’est cette dernière qui a remporté le scrutin au terme d’une bataille très serrée de 7 tours… Une petite victoire symbolique que la délégation sur place, conduite par le président Tebboune himselef et son ministre des Affaires étrangères, a accueilli avec des applaudissements nourris, effusion de joie et même un chant de victoire à la sortie de l’hémicycle, au grand étonnement des représentants des autres pays. A croire qu’ils venaient d’envoyer une fusée sur Mars ou décroché l’organisation de la coupe du monde des tocards en 2020 !
Compte tenu de la modestie de l’enjeu, il y ’avait quelque chose de puérile, voire infantilisant dans cette séquence de célébration qui a révélé au grand jour l’absence de maturité d’un régime périmé et aux abois, qui en a été réduit, à force de se faire tailler des croupières par un Maroc qui avance et de sombrer dans le ridicule international, à s’accrocher à une petite fonction symbolique. Objectif : s’autopersuader qu’il n’est pas complètement à terre et que sa capacité de nuisance reste intacte. Mais quoique modeste, l’enjeu de cette élection éclaire le jeu trouble du régime algérien, tout en permettant de tirer au passage plusieurs enseignements. Celui-là principalement : En perte de vitesse en Afrique où elle a subi des revers à répétition jusque dans ses fiefs traditionnels en grande partie en raison du dynamisme diplomatique marocain, l’Algérie ne devrait pas logiquement gagner cette élection qui était à la portée de son voisin, eu égard à son leadership africain reconnu. Or, ce paradoxe met en lumière les facteurs déterminants dans ce genre de scrutin dont le caractère secret favorise souvent dans des contextes des pratiques peu avouables. Invités à choisir entre le Maroc et l’Algérie, certains électeurs africains ont fait visiblement un autre choix : celui des valises des pétrodollars que la junte algérienne a déployées à grande échelle pour s’offrir le poste en jeu.
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Jubilation de la délégation, on dirait que l’Algérie a décroché l’organisation de la coupe du monde des tocards!
Dans cette consultation, le Maroc n’a mis en avant que sa bonne foi et sa volonté sincère, maintes fois réitérées par le Roi Mohammed VI, pour que l’Afrique avance et prenne son destin en main en privilégiant la coopération et le partenariat. En face, l’Algérie, force de l’inertie incarnée et puissance corruptrice , n’a rien à proposer sauf sa haine viscérale du Maroc qu’elle compte entretenir en instrumentalisant son petit strapontin chèrement acquis. Mais ce n’est pas en payant comptant qu’on compte. Bien au contraire…
C’est dommage que des membres de l’UA aient cédé à la tentation de l’enrichissement sans cause, ressuscitant des réflexes destructeurs du passé que l’on croyait définitivement révolus dans un continent dont les dirigeants, désormais conscients de ses énormes potentialités, aspirent au développement et au progrès. La séquence de la vice-présidence rappelle toutefois qu’en politique et en diplomatie rien n’est définitivement acquis et que l’engagement sincère n’est pas le seul moteur du rapport de force. Le temps est sans doute venu de changer de braquet en découplant le dossier du Sahara de l’action diplomatique. La marocanité des provinces du sud n’étant ni un sujet de marchandage ni de négociation puisqu’elle bénéficie d’un large consensus international. Le Polisario c’est fini, mort et enterré sous les sables mouvants de l’imposture. Pourquoi maintenir son géniteur sous perfusion et lui donner encore l’occasion de continuer à aboyer?