Coup de théâtre sous la coupole. Le groupe parlementaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) a annoncé, vendredi 16 mai 2025, dans un communiqué sa décision de suspendre toute coordination concernant la motion de censure contre le gouvernement d’Aziz Akhannouch. Motif avancé : « l’absence [ chez ses partenaires de l’opposition] de volonté de progresser pour concrétiser cette initiative » que le parti a initialement soutenue. « Certaines composantes de l’opposition ont préféré entrer dans des détails techniques qui n’ont rien à voir avec les pratiques politiques et parlementaires en vigueur », justifie le chef du groupe socialiste qui ne voit plus l’utilité « de la motion de censure en tant que mécanisme de contrôle et un exercice démocratique participatif ». Résultat : il n’y a ni motion, ni censure. Circulez, il n’y à rien à censurer, semblait lancer le leader de l’USFP à ses collègues de l’opposition. C’est la deuxième tentative inaboutie, en l’espace de quelques mois, de l’opposition d’introduire une motion de censure. Ce qui ressemble à un faux bond aux motivations mystérieuses a mis en colère notamment le leader du PPS Nabil Benabdellah.
«Nous avons été profondément déçus par ce communiqué, car au final, il a laissé une image très négative de l’opposition et de l’action politique en général », a-t-il réagi lors d’un meeting qu’il a animé au lendemain de la volte-face socialiste, à Taza, regrettant au passage l’émergence de rivalités autour de la prise de parole et la lecture du texte de la motion, un détail secondaire dont le PJD a fait un sujet dans le but inavoué de tirer la couverture politique à lui. L’USFP a-t-il pris prétexte de ce problème d’ego pour faire capoter le projet de l’opposition ? Une chose est sûre : l’opposition a raté l’occasion de montrer sa cohésion face à la majorité même si la démarche n’avait aucune chance d’aboutir. C’était une opération symbolique pour mettre en cause la responsabilité du gouvernement sur des dossiers essentiels en relation avec la dégradation du pouvoir d’achat de la population, la montée du chômage des jeunes et l’aggravation des inégalités sociales…C’aurait été une séquence politique forte de nature à animer le débat dans un Parlement qui manque cruellement de relief et de souffle. Finalement, l’échec de la motion de censure s’est retourné contre l’USFP, le MP, le PPS et le PJD . Réduits à se jeter la responsabilité sur ce beau fiasco, ils ont montré au grand jour leur incapacité à dépasser le stade de la rhétorique pour inscrire leur action dans le concret. De quoi les faire passer pour des rigolos aux yeux de l’exécutif et de l’opinion.