Je me recycle, donc je me protège

Une équipe du Canard a été reçue par l’ex-ministre PJD Abdelaziz Rabbah dans un local à Kénitra où il compte installer le siège de son nouveau business associatif après son divorce avec le PJD.

Il paraît que vous avez décidé de quitter le PJD pour de bon. Peut-on savoir pourquoi ?

Mon mariage avec le PJD a fait son temps, dès lors qu’il a atteint ses objectifs.  Je confirme donc mon divorce, le cœur gros. Pourquoi ?  Pour cause de son chef actuel qui a chopé définitivement la maladie de la chefferie du chiffon. Impossible de cohabiter avec un tel personnage sans y laisser sa santé.  

Mais c’est grâce à lui que vous êtes devenu ministre pendant deux mandats, ce que dont vous n’avez jamais cru possible jusque dans vos rêves les plus exquis. Ce n’est pas de l’ingratitude de votre part ?  

Ministre à deux reprises, je ne peux pas aspirer à plus. Le militantisme partisan à la sauce islamiste m’a tout donné au-delà de mes espérances. Ainsi va la vie politique. Benkirane a tout perdu dès qu’il n’est plus en odeur de sainteté auprès des faiseurs des ministres. C’est pour cela que je m’en suis éloigné courageusement.

Il a beau crier, gesticuler, faire le pitre, il n’a plus d’avenir. Benkirane c’est du passé décomposé.

Et vous l’avenir ?

L’avenir autrement, repeint aux couleurs de la société civile. Perdre la ministrabilité et la présidence de la commune (Kénitra, NDLR) n’est pas la fin du monde. En ces temps de chamboulement politique qui font peser une grosse incertitude sur mon destin personnel, j’ai décidé donc de me recycler dans le business social qui est toujours à la mode. J’ai besoin de muter pour m’offrir aussi une virginité politique et me blanchir. Je ne suis pas un foudre de guerre mais j’aime son butin.

Il faut dire aussi que vous avez présidé à deux ministères très liquides au carrefour d’une kyrielle d’agréments d’enrichir et de s’enrichir…

Effectivement comme ministre du Transport et de l’Équipement, j’ai bien tracé mon chemin en m’équipant sans s’ensabler tandis que le département de l’Énergie et des Mines m’a permis de carburer à fond pour devenir une mine de richesse à titre personnel.

En quoi consiste votre projet associatif ? Une sorte de restos du cœur ?

Non, mon truc ce sont les gargotes du foie, à ne pas confondre avec la foi, où je ferai servir, grâce à la générosité des bouchers amis, des tripes et des brochettes une fois par an aux démunis de Kénitra.

 

Se cacher derrière l’associatif c’est aussi une manière de vous protéger…

Absolument. Le Maroc a changé et le spectre de la prison commence à rôder autour d’anciens ministres qui ont plongé les deux mains dans le pot de confiture. Franchement, je n’ai pas envie de finir ma retraite politique prématurée riche en réalisations à Oukacha.

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