Une équipe du Canard a interrogé le nouveau secrétaire général du PPS Nabil Benabdallah juste après sa réélection à la tête du parti au terme d’un 11ème congrès sans suspense…
Qu’est-ce que cela fait de décrocher un quatrième mandat ?
ça donne une sensation d’invincibilité. Un sacré sentiment de supériorité et d’être indispensable pour la survie politique du PPS.
Qu’est-ce que ça fait d’être un candidat unique à sa propre succession pour un quatrième mandat consécutif ?
Là c’est un signe qui ne trompe pas : je n’ai pas de rival à ma stature au PPS peuplé de seconds, voire de troisièmes couteaux qui ne tranchent rien.
Autour de moi j’ai eu le temps d’installer le vide et de l’alimenter tout en le transformant en atout personnel.
Résultat : Je me suis représenté de nouveau à la chefferie en sauveur d’un parti qui fait l’unanimité. Ailleurs, un quatrième est inconcevable. Mais au PPS, il est passé comme une lettre à la poste.
Vous êtes devenu par la force du vide un immense apparatchik ?
Un immense apparatchik de choc bien parti pour durer et qui possède toutes les qualités pour devenir le père des communistes marocains.
Mais je m’engage à faire en sorte que le PPS se renouvelle et se réforme dans l’immobilisme et le béni-oui-ouisme qui renforcent la dynamique de mon maintien constant aux commandes. Certains sont en quête de sang neuf, au PPS, nous n’avons pas ce souci puisque nous carburons au sang ancien.
Le changement est donc en marche au PPS!
Vive le changement en marche arrière qui me permet, côté mainmise sur le parti, d’aller de l’avant.
Avez-vous un programme pour votre quatrième mandat ?
Absolument : préparer activement le cinquième dans le respect et le culte du chef incontesté auquel on doit obéissance et révérence en œuvrant d’arrache-pied pour l’anesthésie du débat interne.
Je pars de nouveau à la chasse aux voix dissonantes, prêt à sacrifier mon absence d’occupation et ma peur d’être un SDF politique par le contrôle du parti.
Connaissez-vous au Maroc quelqu’un capable d’un tel sacrifice, de don de soi pour rester le seul maître à bord?
Comment vous définissez-vous ?
Je suis un homme qui prend de la bouteille, fortement irrésistible aussi, auquel on ne refuse rien.
Même le Premier ministre Aziz Akhannouch a assisté au congrès de ma réélection.
Vous auriez bien aimé revenir aux affaires, n’est-ce pas ?
Tout le monde aime aller à la soupe et le statut d’opposition où le PPS s’est fait emprisonner n’est qu’une solution d’attente contrainte faute d’avoir été invité à faire partie du gouvernement.