Je suis un homme de biens

Une équipe du Canard est parvenue à s’introduire dans le pénitencier de Oukacha où il a rencontré Babor Sghir qui a bien voulu répondre à ses questions.  

Présentez-vous s’il vous plaît…

Certains me considèrent comme un sous-marin dangereux. Mais Je suis un petit Babor qui a provoqué un grand naufrage parmi des grosses pointures de la finance casablancaise et ce n’est qu’un début. Tous ceux que j’approche avec mon air plein de bonhomie, et mordent à l’hameçon le regrettent.  Les gros poissons sont trop gourmands au point d’être imprudents.

Comment vous définissez-vous ?

Je me définis comme un bienfaiteur qui traîne des casseroles, voire des gamelles, qui mange et fait manger, selon une règle d’or bien de chez nous. Je soutiens l’entreprenariat des jeunes en les aidant à créer leurs propres entreprises que j’utilise ensuite pour obtenir des crédits auprès des banques. Pas avare pour un sou, je partage tout ce que j’arrive à prendre aux banques et aux entreprises qui ont du gras. C’est tout un métier, voire un art qui n’est pas donné à n’importe qui.

Vous avez été élu député sous les couleurs de l’UC lors des législatives de septembre 2021 alors que vous avez déjà été condamné à la prison. Comment expliquez-vous cela ?

Il n’y a rien d’étonnant dans ce qui semble vous étonner.  J’aurais pu me faire élire sous la bannière de n’importe quel parti malgré mon passé judiciaire peu glorieux.  

Cela dit, je ne suis pas une exception dans un univers où tout s’achète et où les arguments irrésistibles sont tout sauf politiques.  

J’observe avec regret que le Parlement et la démocratie locale, qui sont riches de ce genre de profils aux casiers judiciaires pittoresques, qui rehaussent le niveau, ne sont plus ce qu’ils étaient : des lieux de protection des hommes de « biens » de mon envergure.    

Où avez-vous caché le magot ?

Quel magot ! Mais je suis un pauvre type, une espèce de Robin des bois de Settat qui vit surtout de la charité bancaire. Preuve, je me suis fait délivrer un certificat d’indigence par les autorités de Settat. Vous voyez, il ne faut pas croire tout ce qu’on raconte.

Vous avez dû payer pour obtenir ce document, non?

Chez moi rien n’est gratuit, il faut payer pour le savoir.  

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