La CGEM est un marché qui ne suscite pas de compétition

Une équipe du Canard a été accueillie par le président de la CGEM Chakib Alj assuré lui et son colistier de succéder à lui-même.

Vous êtes bien parti avec votre colistier Mehdi Tazi  de succéder à vous-mêmes puisque votre binôme  est candidat  unique pour un second mandat à la tête de CGEM…

Au Maroc, les candidats à la CGEM sont trop rares pour ne pas être uniques. Pour tenir cette boutique, on ne se bouscule pas au portillon. C’est une tradition bien marocaine.

Cela vous arrange qu’il n’y ait pas de rivaux à affronter?  

Moi et mon gentil colistier qui me va comme un gant de gommage souhaitions nous arrêter à un seul mandat. Surtout que nous avons vécu une  présidence intense et pleine de problèmes à cause notamment de la crise sanitaire et ses conséquences dramatiques. Mais personne ne s’est manifesté pour tenter de nous déloger de la rue Mohamed Abdou.

Faire vivre l’esprit de compétition est une bonne chose dans tout scrutin, n’est-ce pas ?

La présidence de la CGEM est un petit marché qui ne suscite ni intérêt ni bataille  car  réputé casse-cou et synonyme de tracas. La concurrence, valeur essentielle de l’économie de marché, ne fonctionne pas quand il s’agit de diriger la confédération.

Est-ce-à-dire qu’il n’y a rien à gagner à être patron des patrons ?

C’est une fonction où l’autorité du chef ne dépasse pas les frontières de son siège casablancais. Mais on fait semblant de peser sur les décisions du gouvernement dans les domaines intéressant le monde de l’entreprise. Comme président de la CGEM, on inaugure bien les chrysanthèmes.    

La CGEM serait donc un machin inutile ?

Non, la CGEM est un machin utile pour jouer les farces pardon les forces de proposition que l’on fait semblant d’écouter et diffuser certaines directives auprès de ses adhérents.

Une courroie de transmission ?

C’est le mot juste.  Oui, une bonne courroie de transmission fluide et efficace qui sait jouer le jeu.

Pourquoi avez-vous accepté le poste pour la première fois ?

Par obligation. Il fallait bien quelqu’un pour succéder à Salaheddine Mezouar et  c’est tombé sur moi. Je présentais  aussi aux yeux de mes mentors le meilleur profil pour contrecarrer une candidature jugée faible par les grands électeurs.

Or, je suis du genre discret qui fait du business en douce. Mais  on m’a poussé gentiment à dire oui alors ce n’est pas mon truc de faire de beaux discours qui ne mangent pas de pain.

Qui ne mangent pas de pain !  Pour un professionnel de la minoterie, c’est l’expression juste à utiliser …

Pour rester dans le registre de mon activité, je me demande avec le recul si je n’ai pas été roulé dans la farine.

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